Alors que l’accès à la terre est un vrai handicap pour la femme burundaise, il devient très pire quand il s’agit des femmes autochtones batwa au Burundi. Marginalisé par le reste de la société burundaise, le droit foncier est un rêve presque irréalisable pour eux, comme le montre notre collègue Kelvin Ndihokubwayo.
Les batwa, peuple autochtone du Burundi, ne représentent que 1%de la population nationale.En plus d’être une minorité, et c’est un fait, les batwa sont marginalisés, discriminés et réprimés par la société burundaise, bien qu’ils sont reconnus comme peoples autochtones au sens large des Nations Unies pour la protection de leurs droits. Ne pouvant plus vivre de leur métier ancestral qui était la poterie et la chasse, ils se sont retrouvés sans terres cultivables pour vivre comme d’autres burundais. Et selon les chiffres, plus de 12% des batwa du Burundi restent toujours victimes du système de servage foncier, alors que le décret-loi no 1/19 du 30 juin 1977 portant l’abolition de ce système a été promulgué par le président de la République de cette période.
Cemanque d’accès à la terre pour la communauté batwa découle d’une injustice consacrée par les lois foncières depuis l’époque coloniale, où les dites lois foncières étaient fondées sur une occupation visible et matérielle des terres, ignorant ainsi que les peuples chasseurs-cueilleurs ou nomades qu’étaient les batwa n’avaient pas de signes visibles sur les terres et territoires qu’ils ont occupés ou ont utilisés.
Un handicap pour la femme Twa
Selon une étude de 2015, les batwa qui habitent sur une superficie de 5m sur 15m ou sur 30m sont à hauteur de 90 %. Cela handicape la femme twa, pour subvenir aux besoins de leurs familles via les activités agricoles. « Comment cultiver sur une exiguë étendue pareille ? Voilà pourquoi nos enfants meurent de faim et nos familles pauvres et mendiants, car nous ne faisons pas d’activités agro pastorales faute des terres afin d’avoir de quoi mangé et de revenues », explique Immaculée Ndahavutiye, une femme twa de la colline Zege à Gitega.
Alors que les autres femmes burundaises cultivent les terres de leurs belles-familles, c’est rare qu’une femme twa, à cause de leur marginalisation par la société burundaise, puisse être mariée à un autre Burundais pour pouvoir avoir accès à la terre de la belle-famille.
Et encore, sans succession sur la terre pour les femmes, même les petites portions de terre familiale sont vendues par leurs maris, sans leur accord et sans possibilités de s’y opposer. Ces ventes des terres des communautés batwa s’opèrent également quand des personnes accusées d’un délit ne trouvent pas d’argent pour payer l’amende. Selon Immaculée Ndahavutiye, « l’autorité oblige nos maris à vendre leurs terres pour s’acquitter de ces amendes, et ce scénario se répercute sur la femme, pilier du ménage », confie-t-elle.
Malgré cela, les femmes twa pourraient s’achètent des terres comme les autres femmes. Marginalisées, elles sont encore beaucoup moins instruites que les autres femmes burundaises, ce qui les exclut au marché du travail moderne, et les prive de moyens financiers. Pires encore, elles ne peuvent plus vendre les potspour gagner un peu d’argent et pouvoir se payer des terres, à cause de l’introduction des ustensiles en céramique ou en métal.
Piste de solutions
Face à cette situation, la plupart des batwa vivent dans des terres souvent octroyées par l’autorité étatique. Par-là, leurs droits ne sont pas clarifiés en amont, et le service foncier hésite quant à la propriété des terrains en question. C’est pourquoi un plaidoyer semble plus indispensable pour clarifier le statut des terres attribuées aux communautés batwa.
En plus, alors que l’attribution des terres domaniales est souvent attribuée à des hautes autorités et des personnes aisées, au détriment des personnes nécessiteuses en l’occurrence ces femmes batwa, ces derniers devraient être les premiers à bénéficier de ces terres, comme le stipule la loi n°1/13 du 9 août 2011 portant révision du code foncier du Burundi, en son article 218, qui prévoit la cession à titre gratuit au bénéfice des seules personnes ne disposant d’aucune autre terre.
Avec ces terres, les femmes twa pourront y cultiver et y élever du bétail, lesquelles activités vont générer des revenus pour leurs familles, et par ricochet, les faire décoller de la piste de la pauvreté.