Selon l’Africa CEOs Survey édition 2020, le Burundi reste le pays africain le moins attractif pour les investisseurs. Il se situe au bas du classement. Néanmoins, le gouvernement ne cesse de mettre en place des politiques pour un environnement favorable aux affaires en vue d’attirer l’investissement. Où est-ce que ça coince ? Analyse.
Par Lionel Jospin Mugisha
Partons des chiffres pour commencer. Si on prend la période de 2008 jusqu’à aujourd’hui, le classement du Burundi selon l’attractivité des investissements ne cesse d’aller decrescendo. Selon l’économiste Kelvin Ndihokubwayo, analyste au « Centre pour le développement des entreprises de la région des Grands Lacs (CDE Great Lakes), notre pays a besoin d’investissements et ces derniers sont financés à leur tour par l’épargne. Or, pour un pays en voie de développement comme le Burundi, cette épargne domestique est insuffisante. D’où le pays devrait recourir à l’attraction de capitaux étrangers pour combler cette insuffisance. Malheureusement, le climat des affaires reste un défi majeur.
Et pourtant…
Le gouvernement a mis en place des stratégies pour améliorer l’environnement des affaires en vue d’attirer les investisseurs dans notre pays. Il s’agit de la révision des textes régissant le droit des affaires, de la création de l’Agence de Promotion des Investissements (API) et d’un guichet unique de création d’entreprises pour réduire de manière significative les procédures, les coûts et les délais pour la création d’entreprises. Mais les résultats se font toujours attendre. Et les chiffres sont là pour en témoigner.
Pourquoi ?
Pour expliquer la faible attraction des investissements nationaux et étrangers dans le pays, M. Ndihokubwayo se focalise sur six grandes raisons : l’instabilité politique et macroéconomique, le manque d’énergie électrique en quantité et en qualité, les politiques commerciales ambiguës, les mauvaises infrastructures, la corruption sans oublier les textes qui ont subi des modifications (textes régissant le droit des affaires au Burundi).
Pour lui, les avantages découlant de ces modifications sont minimes. Il faut la promulgation d’un nouveau code des investissements avec comme objectif un climat des affaires favorable pour attirer les investisseurs.
Le Rwanda, un modèle à suivre ?
Contrairement au Burundi, le pays des mille collines est souvent cité en bon élève en matière d’attractivité d’investissements étrangers. Il suffit de consulter les classements. Or, si le Rwanda a réussi à atteindre ce classement exceptionnel, c’est grâce à cinq réformes. Il s’agit notamment de la facilitation des procédures de création d’entreprises, la réduction des coûts et des délais d’obtention des permis de construire, la simplification des formalités par la mise en place d’un portail en ligne pour le dépôt des demandes et la baisse du coût du raccordement à l’électricité. À cela s’ajoutent l’engagement politique, le pragmatisme, la sécurité dans le pays et le leadership des plus hautes autorités du pays.
D’ailleurs, selon un rapport, le Togo aurait été encouragé par le boom rwandais. Il est passé du 137e rang au 97e rang en l’espace d’un an, soit 40 places de gagner. Et actuellement, il occupe la 18 e place. Comme quoi, ce n’est pas sorcier.
Le Burundi a besoin de ressources pour se développer. Or, celles en provenance de l’endettement s’avèrent moins efficaces que les capitaux venus des investisseurs étrangers. À mon humble avis, le gouvernement devrait revoir sa politique des affaire, créer un environnement propice afin de booster la croissance économique du pays. Dans le cas contraire, le développement du Burundi restera une utopie.