Depuis novembre 2019, les voyageurs se rendant au Burundi ou venant de l’étranger sont tenus de déclarer aux services des douanes, les sommes en cash qui dépassent 200 000 FBu en billet de banque, 1 000 Fbu en pièces de monnaie, 10 000 USD ou l’équivalent en une autre devise. Bien que cette mesure vise un intérêt général de renforcer le contrôle sur le marché de change, elle entrave le droit de propriété privée au Burundi.
« Une société qui ne connaîtrait pas la propriété se condamnerait à ne jamais savoir ce qu’être libre veut dire », disait Lord Acton. Avec cette pensée, on comprend mieux le droit de propriété qui se définit comme le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou les règlements. La propriété privée est donc essentielle à la dignité humaine. Malheureusement, le respect de ce droit est de plus en plus bafoué. Ce droit recule devant les notions d’intérêt général. Les dispositions légales autorisant entravant ce droit se multiplient dans l’indifférence. L’intérêt général, l’intérêt public sont brandis comme justifiant l’atteinte à cette propriété.
Quid du Burundi ?
Des restrictions se sont multipliées au fur et à mesure que l’Etat intervient dans plus en plus de domaines. Avec la récente décision de déclarer les sommes à l’entrée des frontières, et à monter en détails l’usage de l’argent avant la sortie des frontières, le gouvernement vient d’ôter le droit de propriété privé. « C’est comme si cette somme d’argent ne t’appartenait pas, mais appartient à quelqu’un d’autre à qui on doit rendre des comptes », explique un commerçant qui fait souvent des voyages d’affaires. Et pour couronner le tout, « tout voyageur qui outrepasse cette réglementation verra les montants en dépassement saisis puis déposés à la banque centrale », explique Désiré Landry Nininahazwe, économiste à la BRB, avant d’ajouter qu’il s’agit d’une saisie plutôt conservatoire et pas définitive.
La propriété privée, socle de la prospérité
Le droit de propriété, fondement de la liberté et de la responsabilité, a montré dans le monde que lorsqu’il est clairement établi, peut conduire au progrès durable. Hernando de Soto, est un économiste qui a conseillé plusieurs dizaines de dirigeants à travers le monde, sur les réformes à mettre en œuvre pour sortir du sous-développement. Selon lui, la thèse centrale est que seul un droit de propriété fort permet le développement. Si le droit de propriété est faible, les gens ne mettent pas leurs ressources en commun et n’investissent pas. La plupart des pauvres possèdent déjà suffisamment de biens avec une valeur immense, mais ces ressources ne se présentent pas comme il faudrait et ne peuvent pas être directement transformées en capital, car ils sont enfermés dans un étau de restrictions énormes. Par-là, elles ne peuvent être vendues ou utilisés en-dehors de petits cercles locaux où les gens se connaissent ou se font mutuellement confiance, et ne peuvent servir à garantir des emprunts, ni à servir d’apport en nature lors d’un investissement.
L’usage de l’intérêt général pour restreindre le droit de propriété privé est une fausse bonne solution. Chacun devrait adhérer au « parti » pour la protection de la propriété privée et militer activement.