Selon le rapport du troisième trimestre 2017 publié par OBR (Office des Recettes Burundaises), le Burundi dépense chaque année  plus de 250 milliards de francs burundais pour ses achats dans les pays de l’EAC (East African Community) dont environ 21.6% des importations vers le Burundi passant par la frontière Gatuna. Cependant, cette situation ralentit le trafic sur les frontières dépendantes de Gatuna, d’après notre collègue Edgar Mugenzi.

Enclavé, le Burundi réalise des échanges importants avec certains pays de l’Afrique Orientale (Ouganda et Kenya) par l’intermédiaire de la route Bujumbura- Kigali-Kampala. Environ 11.2% du total des importations et 3% de la valeur globale des exportations, soit 60% de la quantité exportée à l’EAC passe par le corridor Nord. Néanmoins, le flux des marchandises tend  à se réduire depuis fin février.

Pour Saïdi, conducteur d’un poids lourd à Ngozi, la fermeture de la frontière de Gatuna a affecté les échanges vers le Burundi : «Les voyages sont aujourd’hui longs, on doit contourner vers une autre frontière lointain, Cyanika situé à environ 100 Km de Gatuna. Elle est toujours très surchargée, elle était habituée à accueillir une quarantaine de camions par jour, désormais on se retrouve sur une chaîne de 200 poids lourds».

Saïdi, un autre usager de cette route, cette crise  touche aussi le Burundi: «On peut même attendre 3 jours à la frontière Rwando-Ougandais, et ainsi la quantité des biens qui traversent la frontière s’est réduite ces dernières semaines. Les camions arrivent irrégulièrement, on peut maintenant accueillir plus de  50 camions alignés comme avant».

Risque d’une inflation

Dans une telle situation, la perturbation de la libre circulation des marchandises et des personnes doit affecter les engins du circuit monétaire. Il compromet aussi le protocole sur le marché commun, ce qui implique la rupture de tout un réseau commercial qui s’approvisionnait via la frontière fermée.

Le recours à une autre voie nécessite des coûts de transport supplémentaire et perturbe la chronologie des échanges. Désormais, les commerçants se plaignent que leurs marchandises n’arrivent plus à temps, chacun aura peur d’une éventuelle pénurie de certains produits si rien ne change.

Des mesures urgentes doivent être prises

Gatuna est depuis longtemps une poste éblouissante de connexion commerciale entre les pays de l’Afrique de l’Est, depuis le port de Mombassa (Kenya), l’Ouganda et les pays de la région des grands Lacs, le Burundi, Rwanda et une partie Est de la RDC. La fermeture d’un tel transit devrait faire l’objet de discussion entre les deux voisins afin de trouver ensemble les mesures.   

Lorsque les relations diplomatiques semblent de plus en plus délétères, le réseau d’échange est affecté et les conséquences se constatent souvent partout. L’OBR collecte à Kanyaru environ 28 milliards Fbu de recettes chaque année, autour donc de 2.4 milliards Fbu pendant un mois, une somme qui risque de reculer si la situation ne se rétablisse pas rapidement à Gatuna.