Dans l’imaginaire collectif burundais, la mondialisation est souvent perçue comme une menace, synonyme de pertes d’emploi, d’exploitation par les multinationales et d’accroissement des inégalités. Pourtant, selon notre collègue Emelyne Hakizimana, cette vision négative occulte les nombreux bénéfices que peut apporter l’ouverture internationale pour le Burundi. Décryptage.
Au Burundi, nombreux sont ceux qui attribuent la hausse du chômage à la mondialisation. L’idée en creux est qu’ils considèrent que l’ouverture de notre économie aux entreprises et produits des pays émergents, nuit aux entreprises locales, et par ricochet, détruit des emplois. Ce sentiment est renforcé par un discours politique faisant porter à la mondialisation, le poids de la crise économique du pays.
Au-delà des destructions d’emplois, l’intégration du travailleur Burundais peu qualifié sur le marché du travail, est d’autant plus difficile compte tenu du manque de flexibilité, de mobilité professionnelle et de formations adaptées. Ainsi, le problème ne réside donc pas dans la mondialisation elle-même, mais dans les dysfonctionnements internes qui empêchent le Burundi de profiter pleinement de ses effets positifs.
Les avantages économiques de la mondialisation
La mondialisation repose sur le principe de l’échange mutuellement bénéfique. En permettant une meilleure allocation des ressources à l’échelle mondiale, elle augmente la productivité et réduit les coûts de production. Cette dynamique se traduit par une baisse des prix pour les consommateurs, une hausse du pouvoir d’achat et, in fine, une stimulation de la demande et de la production. Ces mécanismes favorisent la création d’emplois dans les secteurs porteurs.
Par ailleurs, la mondialisation encourage l’innovation et la compétitivité. Les travailleurs sont incités à renforcer leurs compétences pour rester compétitifs sur le marché global, ce qui améliore la qualité de la main-d’œuvre et attire les investisseurs étrangers. Les progrès technologiques et la libéralisation des échanges sont autant d’atouts pour le développement économique.
La mondialisation crée de l’emploi
Un exemple concret qui illustre les bienfaits de la mondialisation en rapport avec l’emploi au Burundi, est l’implantation de la société vietnamienne Lumitel (du multinationale Viettel), qui a investi 200 millions de dollars dans le secteur des télécommunications en 2014. En une décennie, cette entreprise a créé 60 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects, favorisant le transfert des technologies, tout en contribuant à hauteur de 286,5 millions de dollars (5ème grand contribuable au Burundi en 2020) au budget national via les impôts, contribuant ainsi au développement du Burundi.
Si la mondialisation offre des opportunités, le Burundi doit encore surmonter plusieurs obstacles pour en tirer pleinement profit. Selon Dr Ndorukwigira du CDE Great Lakes, parmi ces défis, il y a « le manque de réformes structurelles face à une économie trop rigide qui limite l’adaptation aux changements, la faible mobilité professionnelle où les travailleurs peu qualifiés peinent à se reconvertir, sans oublier certains discours politiques protectionnistes qui freinent l’ouverture économique ». Pour y remédier, Dr Ndorukwigira prône « la libéralisation des marchés pour permettre une baisse des prix et une meilleure compétitivité, promouvoir la formation professionnelle pour renforcer l’autonomie des travailleurs, et améliorer la compétitivité en soutenant l’innovation et les infrastructures ».
Déconstruire les idées reçues
Pour les Burundais qui affirment que les multinationales exploitent les travailleurs locaux, il faut noter que ces entreprises étrangères sont soumises aux lois du pays d’accueil, en matière de droit du travail. Les employés signent des contrats en toute connaissance de cause, et ces accords contribuent souvent à améliorer les conditions de travail grâce aux normes internationales. Quant à l’argument des inégalités, il est important de rappeler que les salaires sont déterminés en fonction des compétences et de l’expertise de chacun. La mondialisation, en encourageant la formation et l’innovation, permet justement de réduire ces disparités à long terme.
La mondialisation n’est pas une menace, mais une chance pour le Burundi. Les exemples comme celui de Lumitel prouvent que l’ouverture internationale crée des emplois et stimule la croissance économique. Plutôt que de craindre la mondialisation, le Burundi doit apprendre à en exploiter le potentiel pour bâtir un avenir prospère.