Nombre d’entreprises et coopératives au Burundi obtiennent des subventions de la part de l’État. Cependant, un grand nombre de ces entreprises bénéficiaires de ces subventions peine à asseoir leurs activités sur le marché. Notre collègue Janvier Cishahayo propose une alternative libérale pour aspirer à plus de prospérité.
L’Etat burundais, dans sa politique de développement, a appelé la population à créer des coopératives sur toutes les collines afin d’augmenter la production et assurer la sécurité alimentaire. Chaque coopérative a ainsi reçu 10 millions de BIF de crédit pour la rubrique « appui aux projets de développement des coopératives collinaires » du budget de l’Etat. Le plan de soutenir ces coopératives a coûté autour de 29,1 milliards de BIF pour 2911 coopératives, à raison de 10 millions de BIF de crédits versés à chaque coopérative.
Ce qui était au départ un prêt de l’Etat, et qui devrait être remboursé endéans 2 ans, s’est changé en subvention, puisque le taux de remboursement était très bas (2,01 %), avec échec des projets, détournement des fonds, problème de leadership et de management, manque d’encadrement et de coordination, etc. Les subventions qui devraient enclencher la prospérité nationale et la suffisance alimentaire, n’ont accouché qu’une souris.
Qu’en disent Milton Friedman et Adam Smith ?
« L’intervention de l’État perturbe l’économie de marché plus qu’il ne la régule » argue Milton Friedman l’éminent économiste américain, ardent défenseur de la liberté qui, dans sa pensée, montre que les subventions gaspillent les ressources publiques qui seraient mieux utilisées par le secteur privé. Pour Friedman, les entreprises qui reçoivent des prêts à un taux préférentiel ou des intrants subventionnés, risque de décourager l’innovation et l’autonomie.
Dans la même lancée, Adam Smith l’un des pères des sciences économiques modernes a montré que « les subventions favorisent certaines entreprises au détriment d’autres, violant le principe d’égalité des chances ». Les entreprises bénéficiaires des subventions peuvent vendre à bas prix, marginalisant d’autres entrepreneurs non subventionnés, ce qui crée un marché artificiel où la survie dépend de l’accès aux aides plutôt que de la compétitivité.
Contre-productivité
Suivant ces deux arguments économiques avancés contre le subventionnement, cette pratique entraîne un manque de cohérence entre les prix et les coûts de production. Les subventions ont un effet de distorsion du marché, font obstacle à l’efficacité et détourner les ressources vers des utilisations moins productives. Les subventions qui avantagent une entreprise en particulier peuvent étouffer l’innovation et forcer des entreprises efficaces à sous-traiter ou à se retirer complètement du marché, ce qui peut réduire la productivité globale.
Dans un contexte où il s’observe un faible dynamisme du secteur privé au Burundi, et au moment où le pays a opté pour le financement des initiatives entrepreneuriales portées par des jeunes, il serait anodin de réduire les interventions directes à base des subventions, au profit de réformes favorisant un marché libre, en laissant les entrepreneurs répondre aux signaux du marché, afin d’encourager l’innovation, l’efficacité et la productivité, source de la prospérité nationale.