L’agriculture, pilier de l’économie burundaise, fait face à des défis liés à l’accès limité aux engrais, aux semences sélectionnées, et aux marchés agricoles. Pour y remédier, le projet « Libérer le potentiel agricole au Burundi » a été lancé, visant à promouvoir une politique agricole axée sur le marché. Grâce à des échanges et à la mobilisation des agripreneurs, des médias ainsi qu’un dialogue public-privé via des tables rondes de haut niveau impliquant les décideurs provinciaux et nationaux, un débat crucial a été ouvert au Parlement marquant une étape clé vers des réformes structurelles. Le point avec notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira.

 

Le 27 février 2025 au parlement, et le 03 mars 2025 au Sénat, les questions liées à la commercialisation monopolisée du maïs, à la fixation étatique des prix, ainsi que les distorsions créées par la subvention des engrais et aux semences sélectionnées, étaient à la une à l’Assemblée Nationale et au Sénat du Burundi. Deux ministres, celui en charge de l’agriculture et celui en charge du commerce ont été interpellés par les législateurs pour répondre à leurs questions.

Les législateurs ont bien montré que les subventions agricoles, bien que destinées à soutenir les agriculteurs, arrivent souvent trop tard et en quantité insuffisante, et créent des déséquilibres sur le marché. La gestion monopolistique de l’ANAGESSA et de FOMI, la fixation étatique des prix des produits agricoles, ainsi que les lois restrictives sur la vente des produits agricoles ont également été dénoncées. En conclusion des débats, le Président de l’Assemblée Nationale, Honorable Daniel Gélase Ndabirabe, a plaidé pour que la fixation du prix de maïs revienne au producteur et non à l’Etat, et cela, dans le strict respect de la loi du marché de l’offre et de la demande.

 

Un travail de longue haleine

L’ouverture de ce débat à la plus haute sphère de la législature burundaise, là où naissent toutes les lois, et où tous les reformes sont validés, n’a pas été le fruit du hasard. Le projet « Unlocking Burundi’s Agricultural Potential » a mené un travail de fond en recueillant directement les préoccupations des agripreneurs lors d’échanges communautaires. Ces défis ont été relayés lors de tables rondes provinciales, impliquant les décideurs locaux dans le secteur agricole, les académiciens, les représentants du gouvernement et de la législature, ceux de la société civile, ainsi que les médias.

Ces espaces de dialogue ont permis d’identifier les obstacles majeurs et de proposer des solutions concrètes pour libéraliser les marchés agricoles. La mobilisation des médias a ensuite amplifié ces questions, conduisant à leur inclusion à l’agenda national.

 

Une lueur d’espoir pour l’avenir ?

Face aux défis persistants, l’intervention du Parlement et du Sénat a été saluée comme un pas vers des réformes nécessaires. Une habitante de Cibitoke, témoin des difficultés liées au manque d’engrais et de semences, et qui a participé dans nos tables rondes, a exprimé son optimisme que bientôt les choses vont changer positivement. « Peut-être qu’eux seront entendus », confie-t-elle.

Pour le CDE Great Lakes et nos partenaires locaux, l’impact va au-delà du débat. En associant tous les acteurs, des agripreneurs aux institutions décisionnelles, le projet a posé les bases d’une révolution agricole durable. Le débat initié au Parlement et au Sénat marque un tournant dans la gouvernance du secteur. Cependant, le combat continue. Il faudra veiller à la mise en œuvre des engagements et maintenir la pression pour des changements concrets. L’agriculture burundaise a le potentiel de se réinventer, et grâce à ce projet, elle pourrait bien trouver le chemin d’une prospérité durable.

 

N.B : Les liens dans les médias qui parlent de cet impact :

  1. https://breakingburundi.com/senate-leader-pushes-for-more-support-to-farmers-as-food-security-concerns-grow/
  2. https://en.abpinfo.bi/oral-questions-addressed-to-the-ministers-responsible-for-agriculture-and-trade/