Au Burundi, les agripreneurs qui représentent 90% de la production agricole, et qui sont essentiels pour la sécurité alimentaire, font face à de nombreux défis qui limitent leurs capacités à garantir une alimentation suffisante et de qualité pour le pays. Selon le CDE Great Lakes, en améliorant la disponibilité et l’accessibilité des intrants agricoles, il est possible d’augmenter la production agricole, de diversifier les cultures et de renforcer la sécurité alimentaire du pays.
Par définition, la sécurité alimentaire existe lorsque toutes les personnes, à tout moment, ont un accès physique et économique à des aliments suffisants, sûrs et nutritifs, qui répondent à leurs besoins alimentaires et à leurs préférences alimentaires, pour mener une vie active et saine.
Au Burundi, cet idéal reste hors de portée. De 2014 à 2023, le pourcentage de la population en situation de sécurité alimentaire est passé de 68 % à 58,8 %. Pire, l’insécurité alimentaire sévère a grimpé de 7 % à 8,9 % sur la même période. Aujourd’hui, 41,2 % de la population vit en situation d’insécurité alimentaire, tandis que 42,2 % se trouvent dans une situation de sécurité alimentaire marginale, risquant de basculer dans l’insécurité au moindre choc. Les zones rurales, où vivent la plupart des agriculteurs, sont les plus touchées (44 % contre 17,8 % en ville).
Pourquoi ces chiffres ?
« Par faible accès aux semences sélectionnées et aux fertilisants, les agriculteurs peinent à augmenter leur production et à assurer la sécurité alimentaire de leurs ménages », tel est l’explication du représentant de la FAO au Burundi. Pour lui, les agriculteurs burundais peinent à accéder à des intrants de qualité. Résultat : leurs rendements chutent, et avec eux, la sécurité alimentaire du pays.
L’enquête de 2023 a révélé que la non-disponibilité des intrants est le principal obstacle à l’obtention de bonnes récoltes à 54,9 %, les coûts élevés des intrants agricoles à 47,4 %, et les longues procédures pour acquérir ces intrants agricoles à 31,5 %. Ces obstacles réduisent les rendements et aggravent la précarité alimentaire.
Source : Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition au Burundi (AGVSAN 2023)
Cas typique
La province de Kirundo illustre parfaitement ce cercle vicieux. Selon les données de 2023, seuls 2,2 % des agriculteurs y utilisent des semences améliorées, et 31,1 % ont recours aux engrais. Sans surprise, Kirundo est la province la plus touchée par l’insécurité alimentaire, avec 74,1 % de sa population en situation de vulnérabilité alimentaire.
Source : Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition au Burundi (AGVSAN 2023)
Solutions pour un avenir plus prospère
L’insécurité alimentaire au Burundi est un défi complexe, mais pas insurmontable. Les difficultés à se fournir en intrants agricole de qualité et au temps opportun entraîne des chutes de rendements agricoles, et participe à l’insécurité alimentaire. Pour inverser la tendance, des actions concrètes s’imposent. Il est essentiel de mettre en place des politiques et des programmes visant à faciliter l’accès aux intrants agricoles de qualité. Cela inclut la libéralisation de semences améliorées, d’engrais et d’autres ressources nécessaires pour augmenter la productivité agricole. De plus, des formations sur les bonnes pratiques agricoles et de commercialisation pourraient aider les agriculteurs à optimiser l’utilisation de ces intrants.
Ainsi, le Burundi peut augmenter sa production agricole, nourrir sa population, et construire un avenir plus prospère.