Les inégalités en matière d’accès aux opportunités économiques restent un défi majeur au Burundi. Une récente étude menée par notre collègue Siméon Barumwete dans quatre provinces du Burundi (Bujumbura Mairie, Gitega, Ngozi et Kayanza), révèle que la réduction des inégalités n’est pas seulement une question de justice sociale, mais une condition essentielle pour un développement économique durable.

Selon les résultats de l’étude, les femmes, les jeunes et les travailleurs informels sont les principales victimes des inégalités économiques. Pour les femmes, représentant 68 % des répondants à cette étude, leur travail comme les tâches domestiques, souvent non rémunéré, est largement sous-évalué dans les statistiques économiques. De plus, elles sont confrontées à un manque de ressources financières (76 % des répondants), à un accès limité à l’éducation et à la formation, ainsi qu’à des responsabilités familiales qui les empêchent de progresser.

Les jeunes ne sont pas épargnés. Avec un taux de chômage avoisinant les 65 %, et près de 80 % des jeunes en quête d’emploi, le secteur formel ne parvient pas à absorber cette main-d’œuvre. Beaucoup se tournent donc vers le secteur informel, où ils travaillent sans statut officiel et dépendent de la bonne volonté de leurs employeurs pour obtenir une rémunération. Bien que ce secteur leur offre un moyen de subsistance temporaire, beaucoup restent piégés dans l’informel en raison du favoritisme et de la corruption, qui limitent leur accès à des emplois plus stables.

Le bémol

L’étude montre que 80 % des répondants pointent d’abord du doigt aux inégalités économiques en matière de revenus. L’accès limité à l’éducation et à la formation professionnelle aggrave la situation où seulement 4 % des répondants ont atteint un niveau d’éducation supérieure, ce qui limite leurs chances d’accéder à des emplois qualifiés et bien rémunérés.

 

Pourtant, malgré ces défis, certaines femmes parviennent à se montrer résilientes. En entreprenant dans le secteur informel, elles réussissent à générer des revenus et à s’autonomiser, soutenant ainsi leur famille et gagnant une place dans la société. Cependant, ces réussites individuelles ne suffisent pas à combler les lacunes structurelles qui maintiennent la majorité des femmes et des jeunes dans la précarité.

Quid des solutions ?                               

Pour réduire ces inégalités et créer un environnement économique plus inclusif, il faut améliorer l’accès à l’éducation par des programmes de formation adaptés aux besoins des jeunes et des travailleurs informels féminins, afin d’améliorer leurs compétences et leur employabilité. Cela leur permettrait de mieux s’intégrer dans le secteur formel, ou de développer des activités informelles plus rentables.

L’éducation financière est également essentielle pour apprendre aux travailleurs, en particulier aux femmes et aux jeunes, à mieux gérer leurs revenus, à épargner, pour après investir dans des activités génératrices de revenus plus durables. Il est aussi essentiel de sensibiliser les communautés à l’importance de l’égalité des sexes dans l’emploi, sans oublier de reconnaître le travail domestique dans les politiques économiques et sociales, ce qui pourrait contribuer à une répartition plus équitable des responsabilités et des ressources. In fine, des initiatives de protection sociale ciblant les femmes et les jeunes, pourraient atténuer les risques liés à la précarité de l’informalité.

En mettant en œuvre ces politiques adaptées et en soutenant les travailleurs informels, en particulier les femmes et les jeunes, le Burundi pourrait créer un environnement économique plus équitable et résilient, où chaque Burundais, quel que soit son genre ou son âge, a la possibilité de contribuer pleinement à la prospérité nationale.