Le secteur Burundais de la restauration se prépare à la plus forte augmentation de taxes. L’Office burundais des recettes, OBR, a sorti le 17 janvier 2024, une note fixant les taxes qui seront prélevées dans les restaurants, et qui seront fixées selon le prix de l’assiette. Notre collègue Francis Cubahiro nous plonge dans les extraits de « Harmonies économiques » de Frédéric Bastiat , pour nous montrer ce que ce grand penseur libéral dirait de cette situation.
La note de l’OBR part de l’article 4 de l’ordonnance ministérielle 750/540/1087 du 24 août 2023, régissant les taxes sur les restaurants. Dans cette note, un restaurant qui vend une assiette à un prix ne dépassant pas 3 000 BIF paiera une taxe de 50 000 BIF par an. Celui qui vend à plus de 3 000 BIF jusqu’à 5 000 BIF l’assiète va payer 500 000 BIF, tandis que celui qui vend à plus de 5 000 BIF jusqu’à 15 000 BIF paiera 1 000 000 BIF, et celui qui vend une assiette à 15 000 BIF et plus paiera 2 000 000 BIF.
« Vu la conjoncture actuelle, cette taxe pour notre secteur n’est qu’un autre coup dur. C’est comme une mort par mille coupures », a réagi Jean Claude Manirankunda, propriétaire d’un restaurant à Nyakabiga. Ce restaurateur explique que pour manger, les restaurants les moins chers étaient des pneus de secours pour les personnes qui ne disposent pas de beaucoup de moyens, car les assiettes étaient à 1 500 BIF. Pour avoir cette taxe, le seul choix est de hausser le prix de l’assiette jusqu’à 3000 BIF. Une explication que ces clients comprennent parfaitement. « C’est nous qui allons payer ces taxes d’une manière ou d’une autre. Les restaurants n’accepteront jamais de travailler à perte. Ils vont augmenter le prix de l’assiette, et nous, nous allons payer cher et manger moins », confie un des clients rencontré sur place.
Ce que dirait Frédéric Bastait
À propos de cette taxe, Frédéric Bastiat dans le Tome IV – Sophismes économiques – Justice et fraternité (1863), se révèle le parfait commentateur de cette situation. Pour lui, je cite : « quand une nation est écrasée de taxes, rien n’est plus difficile et je pourrais dire impossible que de les répartir également. Les statisticiens et les financiers n’y aspirent plus. Il y a cependant une chose plus impossible encore, c’est de les rejeter sur les riches. L’État ne peut avoir beaucoup d’argent qu’en épuisant tout le monde et les masses partout. Mais dans le régime si simple, auquel je consacre cet inutile plaidoyer, régime qui ne réclame que quelques dizaines de millions, rien n’est plus aisé qu’une répartition équitable. Une contribution unique, proportionnelle à la propriété réalisée, prélevée en famille et sans frais au sein des conseils municipaux, y suffit. Plus de cette fiscalité tenace, de cette bureaucratie dévorante, qui sont la mousse et la vermine du corps social ; plus de ces contributions indirectes, de cet argent arraché par force et par ruse, de ces pièges fiscaux tendus sur toutes les voies du travail, de ces entraves qui nous font plus de mal encore par les libertés qu’elles nous ôtent que par les ressources dont elles nous privent.
Aujourd’hui qu’on a admis en principe que l’État est institué pour distribuer la richesse à tout le monde, il est naturel qu’on lui demande compte de cet engagement. Pour le tenir, il multiplie les taxes et fait plus de maux qu’il n’en guérit. Nouvelles exigences de la part du public, nouvelles taxes de la part de l’État, et nous ne pouvons que marcher de pauvreté en pauvreté.
La liberté n’existe plus quand le peuple est surtaxé, et augmenter les impôts provoque une baisse des recettes. Si un impôt est graduellement et indéfiniment élevé, par cela même qu’à chaque degré d’élévation, il restreint un peu plus la consommation ou la matière imposable, un moment arrive nécessairement où la moindre addition à la taxe diminue la recette ».