Monnaies, paiements, devises monétaires, la Zlecaf ne se fera pas sans des réformes financières immédiates. Au Burundi, après sept ans d’interdiction pour les sociétés étrangères le droit d’ouverture des comptes en devises dans les banques commerciales, cette mesure vient d’être levée le 2 janvier 2024. Notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira démontre comment cette mesure va faciliter l’implémentation du Zlecaf au Burundi.
« L’industrie financière africaine doit jouer un rôle décisif pour aider les entreprises et les particuliers à commercer, à investir sur le continent, et à faciliter les paiements et les flux de capitaux. Cette assertion est l’une des conclusions de l’Africa Financial Industry Summit tenu du 28 au 29 novembre 2022.
Cette assertion trouve bien son application au Burundi. La raison est que l’accès aux devises étrangères pour les entreprises et sociétés étrangères étaient un caillou dans la chaussure, du fait du protectionnisme du marché des changes instauré en 2016 par la Banque centrale pour contrôler les devises. En effet, il était interdit aux entreprises et organisations étrangères à domicilier leurs comptes en devises dans les banques commerciales. Un guichet unique leur dédié avait été ouvert au niveau de la Banque centrale.
Cette mesure était une réglementation bureaucratique de trop sur le commerce. « Avoir de l’argent en devises pour exporter vers les autres pays africains était devenu un problème épineux, car ça prenait sept jours pour avoir des devises à la banque centrale, avec plus de documents à fournir pour justifier les raisons du retrait de cet argent », confie Amedé Niyonzima qui travaille pour le compte d’une société étrangère dans l’extraction et vente des minerais à Cibitoke.
Vive la libéralisation
En vue d’améliorer le cadre réglementaire des changes, éliminer les restrictions sur les transactions courantes et libéraliser le marché des changes, la banque centrale du Burundi vient de lever ces obstacles en éditant cette nouvelle réglementation des changes et ses textes d’application. L’actuelle décision de la Banque centrale rentre dans la foulée des mesures visant la libéralisation du marché de change initiée depuis 2022. En octobre 2022, la Banque Centrale a levé la mesure prise en mars 2020 restreignant le règlement des transferts instantanés reçus de l’étranger. Les transferts instantanés internationaux devaient être réglés directement en monnaie locale. Les bénéficiaires de ces fonds, y compris ceux qui possédaient des comptes en devises dans les banques commerciales, ne pouvaient plus les percevoir en devises. Elle a également permis la réouverture des bureaux de change. Cela au moment où seuls ceux ouverts dans les banques commerciales étaient autorisés à assurer le change depuis février 2020. La BRB a aussi mis en place un Marché Interbancaire de Change (MID) en avril 2023.
Simplifier les échanges
Cette mesure, qui va faciliter le commerce, met parfaitement la banque centrale à la place que les institutions financières du continent doivent occuper pour implémenter, accélérer, et rendre effective la réussite du projet de Zone de libre-échange continentale africaine. Via cette libéralisation, le secteur des services financiers fait preuve de leadership en dirigeant le processus qui va faciliter ceux qui font le commerce, facilitant ainsi l’implémentation du Zlecaf au Burundi, tout en espérant que le pays va poursuivre les politiques monétaires saines. Et l’urgence pour les régulateurs financiers est de mettre en place des initiatives qui accompagnent cette mesure pour favoriser les paiements transfrontaliers par l’intégration des systèmes de paiement.