Les normes et les exigences en matière de certification qui s’appliquent aux marchandises agricoles ne sont pas les mêmes dans tous les pays Africains. Elles ne sont pas harmonisées, ce qui représente une barrière au commerce dans le contexte de la Zlecaf. Pour le cas du Burundi, notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira démontre que l’élimination des barrières techniques au commerce pour le Burundi doit passer par l’harmonisation et la certification de normes burundaises à ceux de la Zlecaf.

Partons du certificat d’origine par exemple pour les produits agricoles, qui permet aux commerçants de bénéficier des réductions de droits de douane et les taxes à effet équivalent, sur la base de la réciprocité. Certains pays comme la Tanzanie ne donnent pas ce certificat pour les produits agricoles, causant la galère aux commerçants burundais. « Pour nous les commerçants qui exportent le riz tanzanien par exemple, nous nous voyons infliger des droits de douanes comme si nos produits venaient de l’extérieur de l’EAC », explique Yvette Niyondiko, commerçante rencontré à Muyinga.  

Même si le Burundi a rendu très facile l’obtention d’un certificat d’origine, le Burundi ne figure pas sur la liste des pays qui utilisent le certificat d’origine de la Zlecaf, lancé en janvier 2023. Cela fait que le certificat d’origine burundais est légal dans l’EAC seulement, et pas sur les marchés prometteurs africains en dehors de l’EAC.

Les petites entreprises en souffrent

La certification des produits agricoles étant une condition préalable à l’entrée dans les marchés de la Zlecaf, la réalité est que plus une entreprise est petite, moins elle a de la chance de disposer d’un certificat de conformité́ aux normes sanitaires reconnu de façon international, qui est souvent obligatoire pour exporter des marchandises agricoles. Cette triste réalité touche les entreprises burundaises. Dans une étude « Promouvoir la compétitivité des PME en Afrique francophone : Les normes ouvrent la voie au commerce », publiée par les chambres consulaires africaines et francophones, réalisée auprès de plus de 9 000 PME dans 16 pays d’Afrique francophone, montre que les entreprises agricoles ont plus de chance d’exporter lorsqu’elles se conforment aux normes internationales. Or, seulement 25 % des entreprises interrogées disposent d’un certificat reconnu internationalement, dont un tiers d’un certificat de qualité, et un d’un autre tiers d’un certificat de sûreté. Le certificat de durabilité étant le parent pauvre. Ce sont généralement les plus grosses entreprises qui en disposent à hauteur de 60 % selon l’enquête contre 51 % pour les moyennes entreprises, 37 % pour les petites et 21 % pour les micro-entreprises.

Les résultats de cette étude ont conclu que pour les entreprises de petite taille, le coût de la certification est un frein, mais aussi la longueur du processus notamment au niveau administratif, sans oublier le manque d’harmonisation de ce certificat dans les pays africains.

Que faire ?

Pour le professeur Barumwete Siméon du CDE Great Lakes, « au moment où plus de 80 % des marchandises échangées entre le Burundi et le reste des pays africains sont des produits agricoles, accroitre le nombre d’exploitations agricoles certifiées pourrait donc aussi stimuler le nombre des exportateurs ». Malheureusement, poursuit-il, « l’absence de normes harmonisées et d’exigences de certification simplifiées demeure un obstacle majeur, qui est rendu insurmontable par des processus et des procédures non coordonnés aux frontières, la numérisation limitée et des procédures rudimentaires de facilitation des échanges, qui ont tendance à augmenter le coût des affaires et à aggraver la faible compétitivité du Burundi sur le front des échanges transfrontaliers et africains ».

Pour ce professeur d’université, « il faut harmoniser les normes de certification du Burundi à ceux du Zlecaf, car l’absence de ces normes harmonisées et de certification adéquate aura pour effet que les volumes et les montants des échanges entre le Burundi et les pays africains resteront faibles, et n’évolueront guère aux étapes de base des chaînes de valeur ».