Au Burundi, la loi des finances 2023-2024 est entrée en vigueur depuis le 1er juillet 2023. Cette loi suscite beaucoup d’inquiétudes et d’interrogations suite à la taxe sur la fortune de 5 % à partir de l’acquisition du troisième immeuble qui vient d’y être introduite. Pour notre collègue Francis Cubahiro, taxer les riches est une fausse bonne idée. Explications.
La taxe sur la fortune a été introduite pour élargir l’assiette fiscale en vue de combler le déficit budgétaire 2022-2023. Lors de l’adoption de cette loi des finances, face à une minorité des députés qui évoquait une baisse de la dépense publique pour assainir les comptes de l’État, la grande majorité des députés a défendu qu’il fallait taxer les riches au lieu de continuer à sucer le petit peuple. « Il y a des gens dont les fortunes crèvent les yeux, mais qui ne paient pas l’impôt sur le revenu. Le gouvernement devrait prélever des taxes sur les grosses fortunes pour ne pas toujours recourir à la taxation des produits de première nécessité », avait expliqué un parlementaire. Pour ce député, il ne faut pas qu’il y ait des riches qui continuent à s’enrichir au moment où les pauvres continuent à s’appauvrir.
La taxe sur la fortune pénalisera les pauvres
La réalité est là. Les taxes sur la richesse nuisent aux gens ordinaires. Comment expliquer cela ? L’emploi, la qualité des emplois et le niveau des salaires dépendent directement du volume de la richesse et du capital investis par les riches, et mis à la disposition des travailleurs sous forme des équipements toujours plus sophistiqués par exemple. Si un agriculteur burundais ne gagne que 1 dollar par jour et qu’un agriculteur japonais gagne trois cents fois ce montant, ce n’est pas que le travailleur japonais est plus intelligent ou travaille plus d’heures. C’est simplement qu’en moyenne, il bénéficie de trois cents fois plus de biens d’équipements comme un tracteur puissant à la pointe de la technologie et doté des accessoires les plus modernes, que son homologue burundais qui ne dispose pas de ces équipements sophistiqués, et qui est souvent obligé de continuer à labourer avec la houe et à récolter pratiquement à la main.
L’énorme différence entre leurs salaires provient alors du fait qu’avec un tracteur de pointe, l’agriculteur japonais peut labourer une surface trois cents fois plus grande que celle que l’agriculteur burundais peut labourer avec ses outils rudimentaires. Mais le tracteur de pointe n’a été rendu possible que grâce à plusieurs capitalistes ayant accumulé des richesses et des capitaux qu’ils ont mis à la disposition de l’agriculteur japonais sous la forme de tracteurs, qui sont tout simplement des biens d’équipements sophistiqués qui augmentent considérablement la productivité, et par conséquent, le salaire du travailleur fortuné.
En imposant ainsi une taxe sur la fortune des riches Burundais, le pays limite leurs capacités à produire et à investir, sans oublier que cette taxe les incite à l’exode dans des pays limitrophes qui ne les taxent pas, et c’est le pays et sa population qui en seront le grand perdant.
La taxe sur la fortune est contre-productive
La taxe sur la fortune est également plus difficile à collecter que les autres taxes. Estimer la valeur de cette troisième maison est fastidieux lorsque le prix du marché n’est pas connu. Leur évaluation demande une expertise coûteuse et l’exercice d’estimation demeure subjectif, susceptible à la manipulation et à la fraude.
Les ménages riches et éduqués disposent de temps, d’avocats, de comptables et d’experts pour se défendre contre ce qu’ils peuvent percevoir comme des demandes arbitraires du fisc. Les coûts bureaucratiques, en ressources humaines et financières, y seront probablement les plus élevés par FBU perçu, ce qui contribuera au fait que les revenus collectés par ces taxes ne seront jamais à la hauteur des attentes.
Il est de bon ton de vouloir faire « payer les riches » pour régler nos problèmes. Mais, n’oublions pas qu’on ne juge pas une politique sur ses intentions, mais sur ses résultats, et que souvent, l’enfer économique est pavé de bonnes intentions politiques. Si nous voulons lutter contre la pauvreté et promouvoir la prospérité, en particulier la prospérité de ceux qui ont des salaires plus bas, nous devons traiter tous les contribuables avec beaucoup de soin, en particulier les « riches », en les soutenant dans leur accumulation de richesse et en évitant toute persécution ou condamnation sociale.