Les taxes sur les produits importés ont un rôle sur leur prix, et contribuent à leur hausse. Face à une faible production alimentaire et un protectionnisme via les droits de douane sur les produits importés, le CDE Great Lakes en partenariat avec IATP n’a cessé de répéter que le libre-échange via la suppression des barrières non-tarifaires est la solution à l’inflation et à la pénurie alimentaire. Une théorie qui commence à porter sa pierre à l’édifice via l’exonération de la taxe ad valorem sur les produits de premières nécessités. Le point avec notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira.

C’est dans un communiqué rendu public le 30 mars 2023, que le ministère ayant les finances dans ses attributions a annoncé que jusqu’à un délai non encore spécifié, l’importation des produits alimentaires tels que le haricot sec, le riz, la farine de manioc et de maïs, le sucre, le manioc, les grains de maïs est exonérée de la taxe ad valorem de 1,5 % de la valeur en douane.

Une prouesse. En effet, l’article n°81 de la loi portant budget national de l’Etat du Burundi, exercice 2022-2023, avaient institué une taxe ad valorem de 1,5 % de la valeur en douane sur les produits importés. Parmi ces produits taxés y figuraient les produits alimentaires, pour soi-disant, protéger l’industrie et l’économie nationale. Et comme résultat, face à une faible production alimentaire locale, et une diminution des importations à cause de cette barrière non-tarifaire qu’est la taxe ad valorem, le Burundi vit une pénurie et flambée des prix des différentes denrées alimentaires sans précédents.

Une mesure salutaire

Selon Adam Smith, dans son ouvrage « La richesse des nations », les États pour légitimer ces barrières non-tarifaires, tentent de faire croire à leurs populations qu’ils les taxent dans leur intérêt, voire pour mieux satisfaire leurs ambitions. C’est le cas avec la taxe ad valorem de 1,5 % de la valeur en douane, qui était une taxe destinée au financement des infrastructures publiques.

Or, la réduction des échanges via l’instauration des taxes sur les importations, est contraire au leitmotiv de la ZLECAf auquel le Burundi a ratifié. Le CDE Great Lakes, en partenariat avec IATP n’a cessé de répéter via des ateliers et échanges avec les décideurs, les législateurs, les réformateurs, les journalistes et les académiciens, que la réduction des taxes comme barrières non-tarifaires est une des solutions pour accroître les échanges des produits de premières nécessités comme les denrées alimentaires et autres produits, et lutter contre l’inflation et les pénuries.

Pour le CDE et IATP, la solution était de libérer le potentiel du commerce au Burundi, en facilitant l’importation-exportation, et en supprimant ces barrières non-tarifaires pour élargir les marchés régionaux, afin de donner aux producteurs et aux consommateurs burundais plus de débouchés et plus de produits sur le marché local. Un objectif qui vient d’être atteint avec cette exonération de la taxe ad valorem sur l’importation des produits alimentaires.

Bâton magique

Cette mesure n’a pas tardé à porter ses fruits. À l’image d’un bâton magique, les produits sont maintenant disponibles aux marchés, et les prix ont soudainement commencé à chuter. Depuis ces derniers jours, le prix par kg des grains de maïs a chuté de 2400 à 1700 BIF dans différents marchés. Il en est de même avec le riz et les haricots. « Plus le pays est ouvert commercialement sans entraves des barrières non-tarifaires, plus il y a augmentation des produits importés sur le marché local pour combler la faible production nationale, ce qui réduit les prix, et améliore positivement la vie des gens », explique l’économiste Kelvin Ndihokubwayo du CDE Great Lakes.

Selon cet économiste, l’exonération de cette taxe va renforcer le principe de liberté du commerce. Le commerce faisant partie des éléments qui permettent la disponibilité des marchandises et l’accroissement de la production nationale, il faut savoir que sans cette liberté dans le commerce, la prospérité est freinée, et cela devient un obstacle pour la croissance économique et le développement.