Du 06 au 18 novembre 2022, la 27ème Conférence des États parties à la convention-cadre sur les changements climatiques (COP-27) s’est tenu à Charm el-Cheikh, en Egypte. Alors que la question environnementale est un défi immense pour l’humanité, et pour le Burundi en particulier, notre collègue Jean Hubert Kwizera s’appuie sur des statistiques pour étayer la dégradation climatique au Burundi, et propose trois solutions locales et libérales pour mieux y faire face.

En 2021, 52 milles personnes ont été déclaré réfugiés catastrophiques suite aux inondations de Gatumba provoquées par le débordement du lac Tanganyika qui est monté d’un cran et dépassant la barre de 776 m. Selon l’indice de performance environnementale, le Burundi se classe 151ème  sur 180 pays, avec un faible score de 30,50 %. Les forêts naturelles qui couvraient 30 à 50 % du territoire par le passé, ont diminué de telle sorte qu’il n’en reste actuellement qu’environ 6,6 %. À  l’origine de la réduction de ce couvert forestier, le déboisement pour la production du charbon.

Consommé à 77 % par la population urbaine, 1 kg de charbon de bois provient de 10 kg de bois. La consommation nationale annuelle du charbon est estimée à 104 718 tonnes. Partant de là, les villes de Bujumbura et Gitega, consommant 56 548 tonnes de charbon, entraînent une perte annuelle de 3 505 à 4 673 ha de couvert forestier. À ce rythme, selon l’étude sur la problématique des ressources énergétiques au Burundi, le couvert forestier du Burundi estimé à 171 625 ha pourrait disparaître dans 25 à 33 ans. Et ce qui ne manque pas, ce sont les conséquences. Les canicules à Bujumbura et les victimes du manque de pluies en témoignent.

Que faire ?

Compenser la préservation de la biodiversité burundaise par des financements ne suffira pas à mettre fin à « l’injustice climatique » subie par l’Afrique. Le changement climatique pourrait compromettre le développement du Burundi, compte tenu de ses faibles capacités d’adaptation. D’où des solutions locales devraient être privilégiées. Mais, pour qu’elles soient couronnées de succès, ces solutions environnementales novatrices doivent être libérales.

Premièrement, l’enjeu est de renforcer l’accès à l’énergie tout en limitant le recours aux énergies fossiles comme le charbon du bois. Par-là, il faut faciliter le climat des affaires pour faciliter l’entrepreneuriat écologique par l’exonération des matériaux de l’industrie écologique (comme l’entreprise « KAGE Ltd », producteur des briquettes bio à base de gousse de maïs ; l’entreprise « Bika igiti » productrice des foyers améliorés, l’entreprise « Nice Burundi of Tomorrow » productrice des brasero électronique ; … ) et de recyclage, pour favoriser le biogaz et l’industrie de la tourbe carbonisées au Burundi.

Deuxièmement, il faut une politique climatique ambitieuse prônant la promotion des énergies renouvelables pour renforcer la résilience et l’adaptation aux conséquences du changement climatique. Cela passera par le développement de la recherche, surtout technologique, pour valoriser tout le potentiel de l’économie verte dont dispose le Burundi. En effet, le Burundi dispose de la plus grande exposition au soleil et au vent, et détient là un potentiel inégalé en énergie renouvelable pour impulser en toute indépendance une puissante dynamique à son essor économique.

Troisièmement, il faut investir dans l’éducation au respect de l’environnement dès le plus jeune âge, et réduire l’intervention du gouvernement dans le projet de reboisement « Ewe Burundi Urambaye », pour une plus grande implication de la population dans le reboisement. Cela ne coûte pas cher, et permettra à la jeune génération africaine de se sentir impliquée dans la préservation de l’environnement pour les générations futures. L’éducation à l’environnement doit faire partie des programmes scolaires et universitaires, même faire partie des homélies à l’Église.

Par ces trois solutions, il appartient au Burundi de développer des initiatives locales pour parer au plus urgent changement climatique.