Avec la zone de libre-échange continentale africaine, le Burundi a un moyen de se libérer des chaînes du protectionnisme qui le tourmente. Cependant, les avantages du libre-échange africain pour le Burundi sont nombreux, tout comme les défis. Le point avec Franck Arnaud Ndorukwigira.
C’est avec le dessein d’analyser comment la ZLECAF peut libéraliser le potentiel du commerce au Burundi, que le Centre for Development and Enterprises Great Lakes « CDE GL » en partenariat avec l’Initiative for African Trade and Prosperity « IATP », a organisé un atelier de réflexion sur cette problématique, le 20 octobre 2022, à l’hôtel « le Chandelier » à Bujumbura.
Dans son discours d’ouverture, le directeur du CDE, Manirakiza Aimable, a expliqué que le projet « Libérer le potentiel du commerce au Burundi via la ZLECAF » vise à promouvoir l’implémentation du ZLECAF comme solution à la création de l’emploi et des opportunités pour tous au Burundi. Il a renchéri que cela implique des efforts de diffusion et vulgarisation à grande échelle, afin que toutes les parties prenantes soient informées des attentes de la ZLECAF, et en fassent une appropriation effective.
ZLECAF, une opportunité pour le Burundi ?
Le Burundi a signé l’Accord de la ZLECAF le 02 juillet 2018, à Nouakchott en Mauritanie. Dans ce processus d’ouverture commerciale au niveau continental, Dr Salomon Nsabimana, orateur du jour, a montré que le Burundi a des avancées considérables : Le pays a ratifié l’accord de la ZLECAF le 17 juin 2021, et une stratégie nationale autonome de mise en œuvre de la ZLECAF a été élaborée et validée.
Dr Nsabimana a continué à montrer que la mise en œuvre de la ZLECAF permettra de créer pour le Burundi un marché extérieur croissant pour nos biens exportable et services, sans barrières tarifaires et non tarifaires, avec la liberté de circulation des hommes et femmes d’affaires et des investissements. Par-là, il y aura une baisse des prix des produits finis au profit des consommateurs burundais, un accès des producteurs aux matières premières moins chères, une concurrence étrangère qui incitera une mise à niveau des entreprises burundaises pour faire face à la concurrence, et un élargissement du marché d’emploi.
Le Burundi pourrait également profiter de sa position géographique stratégique, et faire de Bujumbura une plaque tournante pour les échanges entre les pays de l’Afrique de l’Est avec l’Est la RDC, et les échanges avec les pays d’Afrique australe à travers le lac Tanganyika.
Défis à relever ?
Oui. Selon Dr Salomon Nsabimana, il s’observe une faible appropriation des différents textes de la politique commerciale par les opérateurs économiques, entravant ainsi la mise en œuvre de la ZLECAF. En plus, le pays note une insuffisance et faible qualité de l’offre exportable, un accès limité à l’énergie, une insuffisance des infrastructures de transport et de la logistique de stockage et de conservation des produits exportables, un manque d’un mécanisme spécifique de financement des exportations, et une faiblesse du cadre réglementaire encadrant le commerce.
C’est sans oublier l’absence d’un dispositif efficace de production des informations stratégiques utiles pour les opérateurs économiques, une méconnaissance des avantages et opportunités à tirer des accords conclus, un faible professionnalisme en matière de commerce exacerbé par la tendance de travail en solo, un faible pouvoir d’achat, une balance commerciale déficitaire, et un faible niveau de qualification de la main d’œuvre disponible.
Piste de solutions
Pour Aimable Manirakiza, directeur du CDE, les investisseurs burundais doivent s’assurer que leur production implique une transformation ou une valeur ajoutée suffisante. Cela implique pour le Burundi de dynamiser sa production et accroître ses exportations, sans oublier de créer un environnement favorable aux investissements nationaux et étrangers à travers les petites et moyennes entreprises.
Au-delà de ces défis, l’appropriation nationale de la ZLECAF sera d’une importance capitale pour impulser les efforts d’améliorations des performances commerciales au Burundi, et tirer pleinement d’une ouverture commerciale à l’échelle continentale, ce qui boostera la prospérité.