Au moment où le Burundi optait pour le protectionnisme, la pénurie des produits élémentaire comme le sucre, le ciment et la farine de maïs, ainsi que leur flambée de prix, avaient été prédit par le CDE Great Lakes via sa campagne « Fungua Njia » qui milite pour le libre-échange. Heureusement que le Burundi vient de rectifier le tir. Le point avec notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira.
Le tir vient d’être rectifié le 6 septembre 2022. Un pas vers le crash du protectionnisme. Faisant référence aux recommandations du Conseil des ministres du 29 juin 2022, et du 1er août 2022, le ministère ayant le commerce et l’industrie dans ces charges, en collaboration avec le ministère de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, viennent d’autoriser la reprise de l’importation des produits vivriers notamment les grains et farine de maïs, l’importation du sucre, ainsi que l’importation du ciment.
Pour faire un bref historique, nous l’évoquions dès 2021, des mesures protectionnistes de sauvegarde avaient été prises, en interdisant toute importation de graines et farine de maïs, du ciment, du sucre et des engrais. Ce geste de nature à protéger l’industrie nationale n’a contribué en rien au développement, à part d’avoir entraîné une crise de pénurie récurrente et une inflation galopante, jusqu’à ce que la gestion de cette crise atterrisse au Conseil des ministres plus d’une fois.
Un pas à saluer
Selon les idées libertaires classiques, le libre-échange contribue à la richesse des nations et au développement des populations. Les valeurs du libre-échange contribuent à l’épanouissement économique des humains. Parallèlement, il booste les marchés et maintient les esprits en compétitions. Le pas que le Burundi vient d’atteindre en brisant une partie du protectionnisme, est donc à saluer.
Ce crash du protectionnisme va aussi stimuler les opérateurs locaux qui agissaient en monopole, à améliorer leur politique de travail. Ne pouvant pas échapper à la compétition du marché libre sans courir à leur ruine, ces opérateurs économiques nationaux doivent redonner un élan à leurs usines et industries, moderniser leurs moyens de production, pour répondre efficacement à la demande du marché, et faire face aux produits importés. Et ce sont les consommateurs burundais qui vont s’en réjouir, car ils vont bénéficier des avantages de la libre-concurrence et libre-marché.
Mais aussi, alors que le Burundi vient de ratifier la convention sur la zone de libre-échange continentale africaine, et que ce dernier prône le libre-échange et la suppression des barrières non-tarifaires, le Burundi vient de marquer un point en faveur de cette politique de la ZLECAF.
Fungua Njia, le précurseur
L’une des rares thèses qu’il soit difficile de nier, c’est que le libre-échange favorise la croissance économique. Et d’ailleurs, d’après l’étude « Economic Reform and the Process of Global Integration » de Jeffrey Sachs et Andrew Warner, la croissance serait de trois à six fois plus élevées dans les pays poursuivant des politiques de libre-échange. C’est dans cette optique que le CDE et ses partenaires, ont initié un projet dénommé « Fungua Njia », dans le cadre de sensibiliser les décideurs de la région des grands lacs à la réduction des obstacles au commerce, accroître la compétitivité des entreprises, et une éducation au libre-échange.
Pour Aimable Manirakiza, directeur du CDE Great Lakes, la prospérité n’est pas possible sans l’assainissement du climat des affaires et l’ouverture au monde extérieur via le libre-échange. « Les Burundais doivent commercer avec le monde, cesser le protectionnisme et s’ouvrir via le libre-échange pour créer la prospérité et lutter contre les pénuries récurrentes des produits de base », rappelle-t-il dans un des ateliers de Fungua Njia.
Accélérer la cadence
Malgré ce pas en avant, le chemin à parcourir est encore long. Alors qu’importer demande des devises étrangères, il faut libéraliser le marché des devises au Burundi, afin d’avoir un accès sans entraves aux devises. Sans les devises, on ne peut pas prétendre importer.
Il faut aussi abandonner la politique d’interdire l’exportation de certains produits comme les fruits et l’huile de palme, sans oublier de casser la politique de « consommer local » en rendant les produits « made in Burundi » plus compétitif face aux produits importés.