Alors que l’agrobusiness attire moins les jeunes burundais, certains jeunes se lancent déjà dans ce domaine et défient les pronostics. L’un de ces jeunes est Wilbert Dusabe. À 36 ans, Wilbert Dusabe possède une société « Maison du fermier », une grande unité de production de poussins et des étangs pour la pisciculture à la maison. Un exemple à suivre pour la jeunesse burundaise, selon notre collègue Francis Cubahiro.

Nous sommes à Kibogoye, une des collines de la commune Giheta, en province Gitega. Wilbert Dusabe, âgé de 36 ans, y tient une ferme moderne. Jeune licencié en électromécanique à l’université du Burundi, Ir Wilbert est aujourd’hui un vrai agrobusiness man. Après ces études, il a été secoué par le chômage comme tant d’autres jeunes burundais. Mais, contrairement à pas mal de jeunes, il a pris le chemin du business dans l’agri-élevage pour s’en sortir.

La Maison du fermier

À partir de 10 000 BIF, Wilbert lance sa société « Maison du Fermier ». Avec une salle de formation « Kw’itongo farm incubator », il commence à renforcer les capacités des jeunes en agriculture intégrée. Depuis 2016, plus de 894 jeunes dont 397 filles venues de dix provinces ont déjà bénéficié des formations en élevage piscicole, avicoles, cuniculture et celui des porcins. Le coût de la formation est de 250 mille BIF pour chacun. Puis, il participe au concours d’innovation agricole qui a été organisé par Agri Pro Focus où il est sorti deuxième avec un prix de 300 $. Là, il lance une ferme d’agriculture et d’élevage moderne, de 0,6 hectare. La ferme abrite l’élevage de vaches, de porcs, de lapins, poissons et poules, la culture intégrée des fruits et légumes, de bananiers, de soja etc.. Aujourd’hui, la ferme comporte plusieurs domaines ayant une valeur de plus de 400 millions de BIF. « Actuellement, les 0.6 hectares ne suffisent plus. Nous sommes à l’œuvre pour atteindre cinq hectares d’ici fin 2022, afin d’atteindre nos objectifs », promet Wilbert Dusabe, avant de renchérir qu’il projette de mettre en place une usine de production de viandes de porcs, bœuf, poulets et poissons.

Grâce au crédit financier du PAEEJ, Wilbert dispose d’une unité de production des poussins avec une grande capacité d’incubation jusqu’à 20 mille œufs. « Au départ, j’utilisais un simple vieux carton comme couveuse avec une capacité d’incubation de 20 à 30 œufs seulement », confie Wilbert. Une visite de la ferme coûte 150 dollars US pour les visiteurs étrangers. Pour les nationaux, le prix est négociable.

Pisciculture à la maison

La ferme s’occupe aussi de la production animale. La pisciculture en terre sèche dans des bassins à l’aide de l’eau des pluies est une innovation de Wilbert Dusabe. Il met à profit les eaux des pluies qu’il retient des toitures des maisons. Il canalise les eaux dans des bassins piscicoles. Pour les nourrir, l’agripreneur Wilbert pratique la production d’asticots de mouches riches en protéines, cinq fois supérieurs à ceux du soja. « 1 kg de soja me coûtait 14.500 BIF alors que la production d’1 kg d’asticots de mouches me coûte seulement 450 BIF ». Cela lui a valu des tonnes de récolte des poissons trimestriellement.  « Tous les quatre mois et demi, je parviens à mettre sur le marché au moins quatre tonnes de poissons », ajoute Dusabe.Wilbert Dusabe a obtenu de la part du Président burundais, un certificat de mérite le 1er mai 2021, lors de la journée internationale du travail et du travailleur. C’est un exemple vivant qui confirme que malgré les défis, l’agribusiness des jeunes est possible. Pour lui, son rêve est de faire des producteurs agricoles autosuffisants à au moins 10.000 jeunes, pour qu’ils soient capables d’employer à leur tour, au moins cinquante jeunes chacun.