Internet, applications et appareils mobiles, commerce électronique, etc, sont des leviers technologiques pour booster le E-agribusiness au Burundi. Notre collègue Lionel Jospin Mugisha, à travers le rapport de la FAO « Status of Digital Agriculture in 47 Sub-Saharan African Countries » montre les défis et opportunités que rencontre la jeunesse burundaise dans l’E-agribusiness au Burundi.

Dans ce rapport « Status of Digital Agriculture in 47 Sub-Saharan African Countries », les données du Burundi se trouve à la page 29, et montrent que le Burundi renferme des opportunités pour l’E-agribusiness des jeunes. Ils sont plus de 13 000 km de fibre optique qui sont déjà installés dans les 18 provinces du Burundi, et ont réduit les prix de l’Internet. Selon M. Elie le Directeur Général de BBS, « Un mégabit par sec qui coûtait 2 000 USD coûte actuellement entre 150 et 170 USD ».

Dans un pays où la majorité de la population est jeune, le taux d’utilisation du téléphone portable est en hausse. Il est passé de 1,6 % de la population en 2005 à 54 % en 2019. En 2021, il y avait plus de 1,5 million d’internautes, une augmentation de 21 % à partir de 2019, et le taux de pénétration de l’internet est passée de 0,21 % en 2007, à 9,9 % en 2020.

En plus, en 2018, 300 villages burundais ont bénéficié d’un équipement complet permettant l’accès à la télévision satellitaire, ayant permis aux jeunes agripreneurs burundais d’échanger des expériences sur de meilleures pratiques agricoles au travers de témoignages via des vidéos, à l’instar de ce que fait Digital Green dans pas mal de pays africains.

Malgré les opportunités, l’E-agribusiness ne décolle pas

C’est l’autre face du rapport. Des défis pour les jeunes sont là. Primo, les jeunes sont confrontés aux défis de la fracture numérique. En 2019 par exemple, les réseaux 3G et 4G ne couvraient respectivement que 40 % et 25 % de la population. « Pour l’internet 3G et 4G, les opérateurs se concentrent beaucoup plus dans les centres urbains où le pouvoir d’achat est élevé », explique un responsable de l’ARCT.

Secundo, il y a l’analphabétisme numérique. « Il ne suffit pas d’avoir un smartphone et internet, encore faut-il savoir comment s’en servir », confie Belyse Nicayenzi, une jeune agripreneuse analphabète, qui s’est mise à l’école du numérique à Ngozi.

Tertio, dans un contexte où 65 % de la population baignent dans une extrême pauvreté, le pouvoir d’achat des jeunes est faible. En mai 2019, Alliance for Affordable Internet estimait que le Burundi est l’un des pays d’Afrique où le coût du GB en haut débit mobile est le plus abordable, soit 3,3 USD. Le hic, Imelde Ndayizeye, jeune agripreneuse qui cherche des clients du miel par Facebook, l’infirme, attestant que ce coût est toujours assez élevé et inaccessible à la majorité des jeunes Burundais. « À titre illustratif, pour avoir  un smartphone connecté au réseau 3G ou 4G, il faut dépenser au moins 300 000 FBU, ce qui n’est pas à la portée de la majorité des jeunes burundais », confie-t-elle.

Quarto, c’est sans oublier le déficit énergétique pour assurer l’alimentation des infrastructures numérique qui fait défaut au Burundi. Plus de 67 % de la population utilise encore la lampe à pile. Le taux de pénétration de l’électricité est de 10 % en milieu urbain et 2 % en milieu rural. « L’E-agribusiness est impossible sans électricité », confie Belyse Nicayenzi.

Piste de solutions

L’engagement à améliorer les rendements de l’agribusiness par la technologie 2.0 est déjà manifeste au Burundi. Il s’avère alors nécessaire d’encourager le secteur privé à investir dans la numérisation agricole, par des plans de déploiement des infrastructures haut débit pour servir les zones isolées afin de renforcer l’infrastructure numérique publique, et si besoin les appuyer.

In fine, il est important que le gouvernement continue à impulser des mesures qui assurent un juste équilibre entre un accès facile et à moindre coût des services d’Internet et la rentabilité des activités des fournisseurs d’accès internet pour qu’ils continuent à investir dans ce secteur si stratégique pour un développement de l’E-agribusiness durable au Burundi.