Le commerce ambulant fortement dominant en milieu urbain plus qu’en milieu rural, fait face à de nombreux défis au Burundi. Malgré les défis, ce commerce apporte une contribution importante dans la vie quotidienne des ménages et à l’économie nationale. Raison pour laquelle notre collègue Jean Hubert Kwizera propose des solutions pour un avenir meilleur du commerce ambulant.
Avec la volonté de voir les villes du Burundi s’embellir, le commerce ambulant est perçu comme contraire à l’image de la modernité recherchée. Le hic : l’épanouissement du commerce ambulant en pâtit. En 2017, il a même été suspendu en mairie de Bujumbura.
Cette situation crée de nombreux défis, dont le jeu du chat et de la souris entre policiers et commerçants ambulants. Partant du principe que les lieux actuels de rassemblement des marchands ambulants sont dictés par la disponibilité de la demande, l’ex-marché central de Bujumbura et les parkings des bus deviennent des lieux parfaits pour ce commerce. Mais c’est là où les défis sont les plus intenses car cette zone a été délimitée « zone interdite » pour le commerce ambulant. Les marchands qui vendent leurs produits, surtout alimentaires, sont souvent arrêtés, battus, leurs marchandises saisies ou détruites.
Pourquoi le commerce ambulant ?
Du fait de la généralisation de l’exode rural, du chômage qui touche 65 % des jeunes, et de la pauvreté dans un pays où le PIB par habitant est de 269 USD, les Burundais préfèrent se rabattre sur ce commerce considéré comme travail de subsistance, car ils n’ont pas de moyens financiers suffisants pour lancer une activité de commerce formel, et préfèrent s’accrocher à ce commerce informel gagne-pain.
Du côté des consommateurs, le commerce ambulant est la cerise sur le gâteau qui offre plusieurs avantages par rapport au commerce formel. Nadine Ndihokubwayo, une maman rencontrée à Kamenge en train d’acheter du Ndagala frais en ambulatoire, loue ce commerce : les relations commerçants/clients sont plus chaleureuses avec des produits frais, diversifiés et de bonne qualité ; les prix sont abordables pour les consommateurs à revenu modeste, et surtout il y a l’avantage de proximité. Donc, un commerce gagnant-gagnant pour les deux parties.
Pour un avenir meilleur, que faire ?
Ce dont les commerçants ambulants, surtout ceux qui vendent des fruits et légumes ont besoin plus que jamais, c’est de plus de liberté. Il faudra couper court avec la politique de limitation de ce commerce dans certains espaces, tout en respectant l’embellissement des villes. Les commerçants ambulants devraient aussi connaître la loi et les règles qui les régissent, avec révision du cadre juridique pour l’adapter à ce commerce ambulant qui est en peu particulier, ce qui permettra de garantir la liberté des commerçants et éviter les heurts avec la police.
Enfin, le commerce ambulant devrait être formalisé. Pour y arriver, l’idée de créer des coopératives pour ces commerçants devient salutaire, vu qu’ils/elles pourront demander des crédits auprès des institutions financières, et ainsi pallier les problèmes de financement, sans oublier qu’ils/elles pourront négocier des différents marchés avec des hôtels ou des restaurants pour pouvoir écouler leurs marchandises.