Contrôler les esprits malléables des jeunes au Burundi est un art auquel excellent certains politiciens, conduisant souvent à des violences politiques qui ont handicapé le Burundi. Notre collègue Painette Niyongere nous témoigne combien le commerce ambulant peut être ce remède contre les maux de l’instrumentalisation politique des jeunes.
La réalité est là. Au Burundi, militer dans un parti politique est devenu le meilleur moyen de décrocher un boulot. Le hic, c’est que ce raccourci de militantisme comporte plusieurs risques d’instrumentalisation avec son lot de conséquences qui ont fait que le Burundi a passé des années et des années en guerre et crises politiques, pénalisant ainsi la croissance économique du pays.
Or, même si le commerce ambulant procure de prime abord un gain pécuniaire pour se tirer de la pauvreté ou du chômage, son importance va au-delà. De l’avis de Claude Ntiharirizwa, commerçant ambulant d’arachides, son business l’a en effet aidé à résister à la manipulation politicienne.
Comment ?
Au contraire des autres commerçants ambulants, Claude admet que son business lui rapporte un gain moyen. « Je ne gagne que 1000 BIF de bénéfice par jour à cause de la traque policière et des entraves administratives ».
Pourtant, selon les dires de Claude, sans son activité génératrice de revenus rapportant le peu d’argent, il se serait peut-être laissé tenter par les sollicitations politiques malhonnêtes via l’instrumentalisation par les politiciens. « Ils sont nombreux les jeunes qui tombent souvent dans ce piège. Sans espoir de lendemains meilleurs, sans perspectives d’avenir, des jeunes qui n’ont rien à perdre se prêtent facilement aux manipulations et aux instrumentalisations, contrairement à ceux qui se font vivre et qui sont indépendants financièrement via le commerce ambulant », confie-t-il, avant de renchérir que ces jeunes ne peuvent pas refuser une somme de 3000 BIF ou 5000 BIF, parce qu’ils n’ont aucune source de revenus.
Une arme pour la paix
Grace au commerce ambulant, la conscience de Claude n’est plus à vendre. Son business non seulement l’aide à se développer, mais sert également d’arme pour le maintien de la paix. Il suffit de jeter un œil sur l’histoire du Burundi pour voir les maux de l’instrumentalisation politique des jeunes. Ils sont plusieurs politiciens qui ont profité du désespoir des jeunes désœuvrés pour les manipuler honteusement afin de conquérir ou de s’accrocher au pouvoir.
L’évidence est là. Sans cette autonomie financière, Claude aurait pu succomber aux charmes de l’instrumentalisation que certains politiciens n’hésitent pas à utiliser pour atteindre leur but. Ce témoignage devrait interpeller ceux qui entravent le commerce ambulant au Burundi. Son rôle dans la sauvegarde de la paix et de la cohésion sociale est là, palpable.