Pour promouvoir les investissements, les pays maghrébins ont initié des stratégies pour attirer les investissements locaux et étrangers. Via la construction de l’image positive de leur nation pour allécher les investisseurs, la prospection des investissements, et la décentralisation des services d’appui aux investisseurs, notre collègue Pierre Claver Nimubona explique comment ces trois stratégies peuvent servir d’exemple pour le Burundi.

Avec les différents déplacements du chef de l’Etat à l’étranger, l’objectif d’attirer les investisseurs étrangers est souvent à son agenda. Et d’ailleurs depuis des années, le Burundi a amorcé des politiques d’incitations fiscales. L’agence de développement du Burundi (ADB) a été créée pour attirer les investissements tant nationaux qu’étrangers, et le législateur aidant, a conçu un nouveau code d’investissement plus attrayant, plus avantageux et plus captivant.

Le code des investissements ne suffit pas

Via ce code, le Burundi a compris que le développement viable de son économie ne peut être atteint que par le développement de l’entrepreneuriat, en favorisant l’émergence de nouveaux et jeunes entrepreneurs, en soutenant la création d’entreprises locales, et en attirant l’implantation des filières étrangères au pays.

Face à ces avantages du code des investissements, le bémol est que le pays n’a pas encore atteint le degré d’un bon environnement général des affaires, et une facilités des procédures pour influencer, inciter, et même stimuler tous ceux qui cherchent à fructifier leur investissement. Cet environnement concerne des facteurs décisifs relatifs à la sécurité, à la stabilité politique, au droit à la propriété privée, à la paix sociale, à l’existence d’une infrastructure adéquate, aux compétences des ressources humaines, sans oublier l’allègement des procédures pour contrer la lourdeur et les tracasseries administratives.

Les pays maghrébins ont fait un parcours semblable à celui du Burundi, et voici quelques stratégies qu’ils ont utilisées pour rendre cette partie du nord de l’Afrique, une terre d’accueil privilégiée pour les investissements.

Construire l’image positive du pays

Comme le Burundi avec la crise de 2015, le printemps arabe a entaché l’image des pays du Maghreb, et par ricochet, a eu des conséquences sur l’attirance des IDEs. Pour y remédier, l’ADB peut s’inspirer de la stratégie d’image positive du pays initiée par des pays comme la Libye et l’Egypte. Ces pays allouent la moitié de leur budget à la construction de leur image positive via les activités de marketing à caractère général comme les sites et services Internet, télévision, documents imprimés et promotionnels tels que les brochures. Une autre part du budget soutient les événements organisés dans le cadre des relations publiques, les tournées de présentation et forums, missions générales à l’étranger et accueil de missions commerciales dans le pays.

Prospecter les investissements

D’autres pays comme le Maroc ont privilégié la stratégie dite de prospection des investissements. Elle recourt à des techniques de marketing direct ciblant certains secteurs, marchés, projets, activités et investisseurs, conformément aux priorités nationales. Cette politique a pour finalité d’attirer les investisseurs potentiels qui n’ont pas encore choisi le pays de destination de leurs investissements. La prospection des investissements est la fonction principale de l’agence de promotion des investissements (API) marocaine qui alloue plus de 50 % de son budget à cette action.

Décentraliser les services d’appui aux investisseurs

En Égypte, General Authority for Investment (GAFI) est l’une des API de la région maghrébine qui privilégie le plus fortement les services préalables à l’établissement. Afin de lever les obstacles persistants à l’exercice d’une activité, elle a créé dans plusieurs régions, des antennes qui proposent une large gamme de services administratifs aux investisseurs désirant s’implanter dans le pays.

En Algérie, l’API, qui dispose d’un vaste réseau de bureaux à l’échelon régional pour aider les investisseurs tant nationaux qu’étrangers à s’établir, consacre des moyens considérables à la facilitation des investissements.

Récemment créé en Tunisie, le Tunisia Investment Autority a pour priorité d’aider à l’établissement de grands projets d’investissement et de traiter leurs demandes d’incitations fiscales plutôt que de dispenser des services de suivi des investisseurs.

Alors que les gouvernements ont un grand rôle à jouer dans la mise en place d’une législation incitative encourageant la création de nouvelles entreprises locales, la tache revient à l’ADB qui doit travailler sans relâche pour attirer les IDEs nécessaires pour la réussite du plan national de développement 2018-2027.