L’objectif du Burundi d’atteindre la croissance économique à deux chiffres dans deux ans, fait partie des recommandations de la retraite des hauts cadres et cadres de l’Etat, présidée par le chef de l’Etat le 5 mars 2022 à Gitega. Pour y arriver, notre collègue Jean Hubert Kwizera, mise sur le libéralisme économique. Analyse.

« Il faut une croissance économique à deux chiffres à moins de deux ans », souligne Evelyne Butoyi, porte-parole du président de la République, à la fin de la retraite. Et pour y arriver, des réformes administratives et économiques pour plus de performances dans différents domaines, pour booster la production afin d’aboutir au développement, ont été initiées. Et comme première mesure : « Les budgets des sociétés à participation publique et administration personnalisée devront désormais être intégrés dans le budget général de l’Etat à partir du mois de juillet de cette année ». Deuxième mesure : « Tous les fonctionnaires de l’Etat, sans exception aucune, vont signer un code d’éthique pour plus d’efficacité et de responsabilités ».

Et à l’issue de cette retraite, une commission interministérielle a été mise sur pied pour une évaluation périodique du pas franchi dans l’action gouvernementale dans la marche vers ce Burundi développé et prospère. 

Mais, des questions subsistent. L’objectif projeté est-il réalisable ? Les stratégies initiées sont-elles meilleures pour y arriver ?

Chiffre en défaveur

Selon le rapport de la banque mondiale sur les perspectives économiques, le PIB au Burundi a passé de 1,8% en 2019 pour atteindre 0,3% en 2020. D’après les estimations issues de ce même rapport, le Burundi a enregistré une augmentation de son PIB, passant de 0,3% en 2020 à 2,4% en 2021. D’après la FMI, la relance économique amorcée du Burundi devrait se raffermir avec une croissance du PIB à 3.6% en 2022. Cette institution indique que la croissance économique pourrait être plus forte que projetée compte tenu des initiatives du gouvernement, des réformes pour soutenir la résilience de l’économie, et de la possibilité de financements étrangers plus élevés que prévus.

Vu que tous les chiffres des experts montrent une croissance à un chiffre, une croissance à deux chiffres en deux ans paraît irréalisable. Et selon la banque mondiale, les raisons sont les risques qui pèsent sur le cadre macroéconomique en raison des incertitudes avec la guerre Russie-Ukraine, la fin de la pandémie, et les aléas climatiques au Burundi. En plus, l’inflation a augmenté à 8,3% en 2021, contre 7,5% en 2020, tirée par le renchérissement des prix des produits alimentaires, et elle devrait s’accélérer à 9,2% en 2022 à cause de la hausse des prix des matières premières comme le pétrole, une conséquence de la guerre en Europe.

Peut-on alors défier les prévisions de la banque mondiale ?

La réponse est oui, via le libéralisme économique. Pour y arriver, l’économiste Martin Banyiyezako recommande de s’assurer que l’inflation ne soit pas une routine et qu’il faut suivre de près l’évolution des prix sur le marché pour un accès à la monnaie saine. En plus, l’interventionnisme exacerbé de l’Etat dans l’activité économique à travers les dépenses publiques, la fiscalité et des prises de participation étatiques doivent être réduits pour ne pas handicaper l’activité économique des individus.

Là, c’est sans oublier la réduction du niveau de régulation étatique du marché du travail et du marché du crédit pour attirer plus d’investisseurs étrangers. Il faut aussi un état de droit pour mieux combattre la corruption, libéraliser les échanges, et faciliter l’industrialisation du pays. 

La réalité est que les économies les plus libres ont des États les mieux gérés. En faisant le libéralisme économique le credo du leitmotiv du développement du Burundi, la croissance à deux chiffres pour le Burundi ne sera plus une utopie, mais une réalité pour bientôt.