Alors que le Burundi avait gagné cinq places en 2021 par rapport à 2020, il vient de perdre onze places avec le nouveau classement sur l’indice de la liberté économique 2022. Un crève-cœur qui ne fait qu’enfoncer le clou dans la blessure de l’économie du pays. Décryptage avec notre collègue Lionel Jospin MUGISHA
Selon le classement 2022 de la liberté économique mondiale, le Burundi occupe le 172ème rang avec 39,4 points. Onze places de moins et une chute de 10,5 points car en 2021, le Burundi était à la 161ème place avec 49,9 points. Cette chute ruine le gain de cinq places que le pays avait gagné en 2021, vu qu’en 2020, il était à la 166ème place avec 49,0 points.
Et ce ne sont pas les causes de cette chute qui manquent. La libre-circulation menacée, l’élargissement de l’assiette fiscale, la liberté du marché réduit au silence, les politiques économiques protectionniste, les interdictions d’exporter, le monopole de production qui déstabilise le marché, la corruption, etc…
Devrons-nous nous alarmer de cette terrible régression ? Évidemment que oui. Pourquoi ? Parce que les pays ayant des niveaux de liberté économique plus élevés, réalisent de meilleures performances économiques.
Urgence absolue
Alors que la liberté économique aide les gens ordinaires, cette chute au Burundi se reflète dans des taux de chômage toujours élevés (65% chez les jeunes) et dans celui de la pauvreté (PIB par habitant de 269 USD). Or, les politiques allant dans le sens du progrès de la liberté économique ont un impact positif sur les conditions de vie des populations. Au lieu de continuer de chercher à organiser la prospérité et la croissance économique à coups de lois, décrets et sanctions, le pays aura plus de chances de l’obtenir en libéralisant son économie. Mais, comment ?
Piste de solutions
Pour remonter dans le classement, et faire asseoir la liberté économique au Burundi, la solution est simple. De un, il faut que la taille du gouvernement soit raisonnable, que ses dépenses soient inférieures à 15 % des ressources, et que le gouvernement assure correctement la sécurité des personnes et de leurs biens via le droit de propriété. De deux, il faut rendre indépendante la justice à travers le respect de l’État de droit, et rendre saine notre monnaie avec une inflation faible à nulle, car l’élément essentiel d’une monnaie saine est la capacité pour les investisseurs d’acheter et de posséder d’autres devises.
De trois, il faut que les particuliers et les entreprises au Burundi puissent acheter et vendre à qui ils le souhaitent dans leur propre pays, et avoir le monde entier (7,5 milliards de personnes) comme marché, sans droits de douane et de restrictions à l’importation, et sans oublier de briser les entraves qui empêchent ces entreprises de fonctionner sans être freinées et harcelées par une horde de bureaucratie. Le Burundi ne peut pas créer la prospérité pour ses citoyens sur base d’un marché de 11 millions de personnes.
Mfashakumenya…Tout en se rappelant des prouesses du programme Mfashakumenya exécuté par le CDE en collaboration avec l’Agence de Développement du Burundi sur financement du Fraser Institute et Atlas Network, l’État ne devrait pas se limiter à barrer les routes du progrès au cours de cette année 2022. Aussi longtemps que le gouvernement ne tiendra pas compte de la liberté économique, la croissance économique restera une illusion au Burundi.