Au  Burundi, l’Etat a fixé le prix de vente du maïs à 1080 Fbu le kg pour le détail au marché, et à 970 Fbu  le kg pour le prix d’approvisionnement auprès des centres de stockage. Avec cette mesure, l’Etat va devenir commerçant en vendant le maïs qu’il avait acheté aux producteurs à 680 Fbu le kg. Pour notre collègue Painette Niyongere, la stratégie de l’Etat-commerçant que vient d’adopter le  gouvernement  du Burundi est une fausse bonne idée.

La question de l’Etat-commerçant a été mille fois posée par plusieurs députés burundais,dans la plénière de l’Assemblée nationale de ce mardi 07 septembre 2021. Pour eux, si le gouvernement achète le maïs pour le revendre à un prix supérieur à celui d’achat, il va se substituer au commerçant. Ce qui n’est pas sans conséquences bien sûr.

Il faut savoir que le Burundi ne produit pas assez de maïs pour satisfaire la demande interne du pays.Par-là, collecter pour garder le stock de maïs dans les hangars a perturbé le marché. « Cela a entraîné des fluctuations du prix, car tous les producteurs ont acheminé leurs productions aux hangars du gouvernement, très peu parmi eux l’ont acheminé au marché », confie Jonathan, commerçant de Gitega.

Et pour réparer cette perturbation, le gouvernement vient de prendre la casquette d’un commerçant. Ce qui met les agriculteurs dans le désarroi. « Avec le prix de 680 BIF par kg, nous avons vendu presque toute notre production à l’Etat, et voilà que je vais acheter ma production à 1080 Fbu. C’est regrettable », se lamente avec amertume Siméon, un agriculteur de Gitega.

Une fausse bonne idée

Que l’Etat devient commerçant, ça ne tient pas. Non seulement ça crée une situation de monopole avec toutes les conséquences qui va avec. En effet, laisser cette action de commercer aux commerçants, la libre-marché offre cet énorme avantage sur l’État, que lorsque vous n’êtes pas satisfait de ses services, vous êtes libre d’aller voir son concurrent. Vous pouvez même essayer de le concurrencer. En revanche, quand le commerçant est l’Etat, et que par malheurvous n’êtes pas satisfait de sesservices,vous n’avez plus qu’à prendre votre mal en patience.

Réfléchir sur la libéralisation des prix permet de nous remettre en question sur le processus de retirer l’Etat dans le marché, pour laisser les lois du marché y régir les prix. En entravant le libre-commerce via la libre-concurrence, le gouvernement perturbe ce libre-marché, ce qui est étrange de la part de quelqu’un qui devrait, en principe, être le garant de toutes les libertés auxquelles nous pouvons prétendre.