Le 07 octobre 2021, le Burundi a validé le plan national actualisé de riposte contre la Covid-19. Alors que ce plan actualisé innove en incluant la « vaccination » comme nouveau pilier préventive, notre collègue Francis Cubahiro montre trois prérequis qui doivent être pris en considération pour la réussite de ce nouveau pilier.

Bref rappel. C’est en juillet 2021 que le Burundi a accepté sur son territoire le vaccin contre la Covid-19, sans gérer les éventuels effets secondaires.Jusque-là, aucune politique sanitaire urgente de vaccination du Covid-19 n’était pas en marche, alors que la vaccination joue un rôle majeur dans une politique de santé à long terme en vue de contrer les épidémies. Selon les dires du ministre de la Santé, « si nous ajoutons la vaccination à la prévention et la prise en charge mises en avant par le gouvernement avec le respect des barrières, nous allons attendre les résultats escomptés pour le bien-être de la population burundaise ».Avec l’intégration de ce volet vaccination dans le plan de riposte national, ce qui est un pas en avant, le premier lot de vaccins arrivera vers le 25 octobre 2021 ou à la 1ère semaine de novembre 2021.

Mais, à y regarder de très bien, trois défis risquent d’entraver la mise en marche de la vaccination au Burundi.

Absence d’une politique sanitaire urgente de vaccination

Eh oui, le vaccin sera bientôt là. Mais, aucune mesure officielle ne va dans le sens d’une politique sanitaire urgente de vaccination.« Aucun médecin ou infirmier n’a été formé sur ce vaccin, nous ne connaissons rien sur ce vaccin comme les effets secondaires, les contre-indications, ou sur comment l’administrer», confie Dr Josette, médecin burundais. En plus, la population n’est pas sensibilisée sur le rôle de ce vaccin dans la riposte préventive du Covid-19. Le pire, aucun site de vaccination n’a été préparé. Or, toutes ces questions devraient trouver réponse dans la politique sanitaire urgente de vaccination. Si ce n’est pas le cas, le Burundi n’échappera pas à ce qui est en train de se passer dans d’autres paysoù par absence de cette politique sanitaire, plusieurs milliers de doses de vaccins sont en train d’être périmés et detruits par manque de consommateur.

L’hésitation à se faire vacciner

« J’attendrai pour voir les réactions des premiers vaccinés avant d’y aller », confie Armel, un habitant de Mutaho. Même réponse pour le Lieutenant Claude «  Comment me faire vacciner avec un vaccin utilisé en Afrique mais suspendu en Europe ? ». Ces réponses sont partagées par plusieurs Burundais. Et d’ailleurs, plusieurs Africains. Une enquête conduite en 2020 par le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC Afrique) dans 15 pays, a révélé que si 79 % des personnes interrogées étaient prêtes à se faire vacciner contre la COVID-19, le taux d’hésitation pouvait varier de 4 à 38 %. Et selon une récente enquête d’Afrobaromètre réalisé dans cinq pays (Bénin, Libéria, Niger, Sénégal et Togo), six citoyens sur dix hésitent à se faire vacciner.

Le cas risque de se produire au Burundi, surtout qu’il n’y a pas eu une bonne sensibilisation sur la place de la vaccination dans la prévention du Covid-19, sans oublier les croyances religieuses et les discours négationnistes des autorités sur ce vaccin qui sont en train de constituer des déterminants clé de l’hésitation à se faire vacciner.

L’infodémie

Depuis la découverte de la vaccination, les fausses informations via Facebook et WhatsApp fourmillent au Burundi. Le pire, elles ne désenflent pas. « Poison », « arme biologique inventer pour réduire la population africaine », … un rapide tour sur les réseaux sociaux suffit à prendre conscience de la défiance des burundais envers le vaccin contre la covid-19.  Et ce  n’est pas sans conséquences  sur la vaccination qui s’annonce. 

La réalité est que si l’absence d’une politique sanitaire urgente de vaccination, le flot de rumeurs et faux informations et la sensibilisation ne sont pas pris en considération, la vaccination au Burundi restera une utopie.