Cela  fait plus d’un  plus d’un  mois. Via  une note interne, la Banque commerciale du Burundi vient d’interdire à ses employés de se marier entre eux. La note fait suite à celle de l’entreprise Brarudi qui a pris la même décision l’année passée.Une mesure qui, selon notre collègue Lucie Butoyi, fait fi aux principesdu respect de la vie privée et de la liberté du choix du conjoint entre collègues.

La nouvelle est tombée comme un couperet pour les libertariens. «Il est porté à la connaissance de l’ensemble du personnel que les employés qui désirent faire leur union par leur mariage entre eux seront désormais obligés de se convenir sur celui ou celle qui présentera sa démission dans les activités de la banque», annonce cette note de service numéro 026/2021 du 9 août 2021. En cas de transgression à cette mesure, la Bancobu se réserve même le droit de choisir parmi les deux, celui ou celle qu’elle va licencier.Pour motiver cette mesure, la banque n’a déclaré que les mariages entre employés entraînent notamment des conflits d’intérêts comme un rapatriement des problèmes familiaux vers la banque, des dysfonctionnements en cas d’événements heureux ou malheureux dans les couples, car ils sont obligés de prendre simultanément des congés  de circonstances, etc ».

Une telle note, n’était pas la première au Burundi. En juin 2020, la brasserie du Burundi, connue sous le nom de « Brarudi », a fait une note pareille qui demandait aux employés désirant s’unir par une relation maritale de s’assurer que dans les deux mois qui suivent leur mariage, l’un des conjoints démissionne. « Faute de quoi un des deux verra son contrat résilié », disait la note.

Et la liberté dans tout cela ?

De un, le respect de la vie privée et la liberté du choix du conjoint sont des droits reconnue par la constitution du Burundi en ses articles 28 et 29. De deux,dans le code du travail, il n’y a aucun article stipulant que deux personnes travaillant ensemble ne peuvent pas se marier. Et là, une question se pose. Une institution commerciale dans le territoire national a le pouvoir d’imposer sa propre loi contraire au code du travail ou à la constitution d’un pays?

Pour Claudia (pseudo), qui a été victime de cette décision à la Brarudi, elle signale que la mesure ne figure même pas dans le règlement interne. Et selon Arcade Nivyintizo, avocat, en aucune manière les affaires matrimoniales ne doivent pas primer sur le professionnalisme. « Chacun ayant la liberté de choisir son conjoint, la note est une violation de la vie privée des employées », confie Me Arcade, avant de renchérir que si le contrat de l’employé(e) vient à être résilié, il faudrait que cela se fasse dans le strict respect du code de travail et non par rapport à qui il/elle est marié.

En paraphrasant Chateaubriand qui a dit que sans la liberté il n’y a rien dans le monde, j’invite les responsables de ces entreprises et de ces banques, à revoir cette mesure, au nom de la liberté.