Le gouvernement a hâte d’aller tout droit au développement et veut faire de l’agriculture le fer de lance de ce projet. Mais pour notre collègue Jonathan Ndikumana, le fait que la majorité des femmes n’a pas accès à la terre constitue un des défis à relever pour une meilleure réussite des politiques nationales de développement.
Plus de 90% de Burundais vivent de l’agriculture. Pour tout esprit critique, ce secteur constitue la vraie trame de fond pour le développement du pays. Ainsi faudra-t-il impérativement jouer sur la main d’œuvre agricole pour la réussite de la politique nationale bâtie sur l’agriculture. Alors que les femmes représentent plus de la moitié de la population, elles sont considérées comme n’ayant aucune responsabilité dans la gestion de la terre. Ce qui entre en contradiction totale avec les Objectifs de développement durables des Nations Unies surtout en son 5è point.
En effet, les statistiques de l’ISTEEBU ont révélé que ce groupe social représentait 51,6% en 2012, les chiffres qui doivent avoir connu aujourd’hui un rebondissementgrâce à la gratuité de santé de la femme enceinte. Dans ces conditions, la femme devait plutôt êtreconsidérée comme bras droit de l’envol de du secteur agricole.
Quid des retombées sur le développement du pays ?
Le non accès à la terre maintient la femme burundaise dans la stagnation économique et dans la dépendance économique vis-à-vis de l’homme. Ce qui la réduit à une main d’œuvre gratuite pour son mari alors qu’elle joue un rôle prépondérant dans la famille. Logiquement parlant, cette vérité qui n’est pas si souvent dite – celle du sous-estime de la femme- porte un coup dur au développement du pays.
Si on pousse plus loin la critique, l’isolement de la femme du système de succession handicape le développement sur plusieurs plans par jeu de causalité. En effet, quand une femme est déshéritée, elle tombe dans la profonde pauvreté. Dans ce cas, l’avenir même de ses enfants quin’ont pas accès à l’éducation et qui ne bénéficient pas de conditions acceptables qui leur permettraient d’adhérer aux normes sociales est compromise.On assistera alors à l’augmentation de la population des enfants de rue, des bandits, et le développement social doit en subir des contrecoups. Oui, la pauvreté qui frappe la femme doit se faire sentir au niveau de l’économie nationale et peser sur les épaules de chacun de nous.
Quelle démarche adopter pour remonter la pente
Cependant, des pistes de solutions existent déjà et beaucoup d’entre elles n’exigent pas de grandes dépenses. Il suffit de s’asseoir, peser le pour et le contre et trouver un compromis qui soit acceptable pour la société burundaise. Pour réussir le pari, la sensibilisation des populations en passant par les administratifs locaux, le changement progressif des mentalités au niveau de l’éducation au foyer et dans les écoles ainsi que l’application intégrale des textes garantissant le droit de la femme constitueraient une pierre angulaire dans ce combat.
Cependant, la valorisation de la femme burundaise en passant par la lutte contre les préjugés liés à la coutume burundaise exige la volonté des pouvoir politique et l’implication de toutes les parties prenantes.