Sous le thème « un secteur industriel dynamique et responsable, engagé dans l’accroissement des exportations et la création d’emplois », l’Association des Industriels du Burundi organisera du 26 au 28 août 2021, un salon industriel 4ème édition. Pour notre collègue Francis Cubahiro, la réussite de cette 4ème édition résultera de trois nœuds qui doivent être déliés.
La 4ème édition du salon industriel est bientôt là. Et pour rappel, les précédentes éditions n’ont pas été sans succès. À titre d’exemple, la question liée au financement du secteur privé avec les taux d’intérêts appliqués par les banques qui étaient élevés, a été relevée. Le gouvernement du Burundi, à travers la banque centrale, a financé le secteur industriel par la mise en place d’un guichet de financement des projets porteurs de croissance. Avec ce guichet, les secteurs comme l’industrie et l’agro-industrie ont bénéficié et continuent à bénéficier des taux d’intérêts réduits. Un autre exemple qui est en train d’être maîtrisé, concerne l’électricité. Selon Olivier Suguru, président de l’Association des Industriels du Burundi, pas mal de centrales hydroélectriques sont en cours de construction dans le pays.
Alors que beaucoup de pays se sont développés grâce à l’industrie, trois nœuds continuent à lier se secteur au stade embryonnaire au Burundi.
La pénurie et la réglementation des devises
« La rareté de devises, couplée à sa réglementation, constitue toujours un défi d’actualité pour le secteur industriel», déplore Mr Suguru. La réalité est que les réserves en devises ont sensiblement chuté et restent faibles. Le rapport sur la politique monétaire établi par la Banque centrale montre que les réserves en devises ont reculé de 35,7%. Elles sont passées de 113,5 millions USD à 73 millions USD entre 2019 et mars 2020. Par-là, les exportations n’arrivent plus à couvrir les besoins en devises.
Selon Dr Salomon Nsabimana, spécialiste en macroéconomie, il faudrait créer un environnement attractif, permettant une ouverture aux investisseurs et bailleurs d’amener les devises dans le pays et surtout de gérer de façon libérale la quantité de peu de devises qui restent sur le marché. Et sur le long terme, le spécialiste conseille que si on compare l’apport en devises d’une quantité de matière brute exportée et de la même quantité de cette matière exportée après transformation, le dit apport peut être multiplié par quatre.
Le manque d’une politique nationale d’industrialisation
Pour booster le secteur industriel burundais, le gouvernement a initié une politique nationale d’industrialisation. Pourtant, plus de trois ans viennent de s’écouler avant que cette politique ne soit opérationnelle. Où est-ce que ça cloche vu que cette politique devrait constituer une boussole pour le développement économique du pays ? Comme c’est un instrument primordial partout au monde qui consiste à orienter et à encourager le secteur industriel, le pain est sur la planche de cette 4ème édition du salon industriel pour relever le défi. Rappelons que dans l’EAC, c’est le Burundi qui n’est pas encore doté de cette politique.
La certification, un handicap
Le défi de la certification au Burundi, est qu’il est mis en doute à l’extérieur. Par exemple, les produits Natura sont doublement certifiés. Au niveau national, la société Modern Dairy Burundi dispose d’un certificat de conformité aux normes de qualité délivrée par le Bureau Burundais de Normalisation et contrôle de la qualité, mais parallèlement, la société a déjà décroché un certificat international Iso 22000 pour que le lait natura produit au Burundi puisse être exporté à l’étranger. De deux, les industriels reprochent à cet organe de trainer les pieds dans l’octroi des certificats. Ce qui ralentit leurs activités. Selon Jean Claude Nderiyimana, responsable de la division documentation et information sur les normes au BBN, le BBN n’a pas tous les équipements pour pouvoir tester tous les paramètres, et doit recourir à la sous-traitance dans d’autres laboratoires. De surcroît, les ressources humaines et financières ne sont pas suffisantes pour répondre favorablement en temps réel aux doléances des clients.
Le Burundi regorge de potentialités pour développer son industrie et partant, relever son économie. Pour y arriver, ces trois nœuds doivent être déliés, et c’est à ce salon industriel d’en discuter et d’en proposer des solutions durables et libérales.