S’il y a une actualité ces derniersjours qui défraie la chronique au pays du tambour sacré, c’est bel est bien la régularisation des dettes fiscales pour des montants monstrueux. Pour notre collègue Lionel Jospin Mugisha, cela n’est pas sans conséquence pour les jeunes entrepreneurs et sur l’économie du pays en général. Analyse.
C’est une réalité cousue de fil blanc, sur la question de la fiscalité au Burundi, il y a encore du pain sur la planche. Pour preuve, une petite culbute dans les communiqués de l’OBR (Office Burundais des Recettes) pour comprendre.
Dans trois communiqués sortis le 3 août 2021, cet office appelait trois de ses contribuables à régulariser leurs dettes fiscales. 52 683 428 783 BIFpour Madame Charlotte Nitereka, 14 405 834 BIF pour SOGENICO (Société Générale Niyondiko Company) et 283 043 160 BIF pour Blessed Trade Company de Butihinda.
Pourtant, le Centre For Development and Enterprises Great Lakes l’avait bien montréici que la lourde fiscalité coupe la route à la liberté d’entrepriseet par ricochet pousse les investissement direct étrangers et la population à être moins entreprenants, car non seulement trop de taxes pulvérisent l’incitation à prendre des risques et à développer les entreprises, mais aussi, il tarit de surcroît des sources de financement que l’entrepreneur aurait pu réinvestir et allouer à de nouveaux projets innovants. Cela sans oublier l’augmentation d’un important trafic de fraude.
Nitereka Charlotte, l’exemple témoin
Pour bien illustrer mon propos, partons de l’exemple de Madame Nitereka. Son dossier remonte à 2012 lorsqu’elle a été accusée de fraude douanière. À cette date, les recettes qui devaient être recouvertes par l’OBR auprès d’elle s’élevaient à 8 milliards de FBu. Quand elle a soupçonné qu’elle allait être appréhendée, elle a changé son numéro de téléphone et d’adresse physique. Depuis lors, elle a coupé court avec l’OBR.
C’est ainsi alors que l’OBR a fait recours à l’unique moyen qui le restait. Celui des communiqués conformément à l’article 6 de la loi relative aux procédures fiscales et non fiscales. Signalons que cette dette fiscale de plus de 52 milliards de FBu résulte d’un cumul des amendes, impôts et taxes qu’elle n’a pas payé à l’OBR depuis 2012 jusqu’en 2021.
Les faits sont là.
Au regard de ce qui précède, il est urgent de mettre en place une fiscalité incitative, car en réduisant la fiscalité liée aux entreprises,le gouvernement permettra de densifier et de solidifier l’écosystème entrepreneurial Burundais. Rappelons qu’à part ces sociétés (SOGENICO,Blessed Trade Company : à titre d’exemple), la promotion de l’entrepreneuriat est une panacée pour affronter les problèmes majeurs que sont le chômage des jeunes (plus de 65%) et la pauvreté qui affectent particulièrement la jeunesse dans notre pays.
Fiscalité incitative, une urgence
À mon avis en tant qu’analyste, le gouvernement devrait conjuguer les efforts afin de réduire les effets néfastes sur la fiscalité qui risquent de changer d’ampleur, vue sa montée progressive. Il doit créer un système fiscal simplifié qui soit favorable au progrès de notre pays et de notre économie.Il devrait alorsaccorder une place de choix aux nouveaux secteurs porteurs de croissance, le commerce transfrontalier, le libre-échange, l’amélioration du climat des affaires et les technologies modernes. Cela permettra d’élargir l’assiette fiscale et tendre vers l’autonomie financière.Ainsi, le pays serait plus attractif. De plus, l’amélioration du climat des affaires attirera plus d’investissements, lesquels apporteront plus de recettes fiscales à l’Etat. Cette politique pourra rallonger l’espérance de vie des entreprises et par ricochet la croissance économique.
En l’honneur des décideurs : ce billet est comme un cri du cœur. Aussi longtemps que le gouvernement ne tiendra pas compte de la réduction de la fiscalité ou d’un système fiscal simplifié, l’économie et l’avenir de ce pays seront toujours en danger.