Le 22 Juillet 2021, grâce au soutien de NFS, Centre For Development and Enterprises Great Lakes a organisé un événement sur la démocratie. Inspiré par cet événement, notre collègue Lionel-Jospin Mugisha trouve qu’au Burundi il n’y a pas encore une véritable démocratie. Bien entendu, cela pèse non seulement sur la population, mais aussi sur l’économie du pays.
Pour comprendre, commençons par une petite visite dans le livre « Introduction à la démocratie » d’Eamonn Butler, directeur de l’Adam Smith Institute. D’après ce livre, les deux tiers de la population mondiale, dans plus d’une centaine de pays, dont le Burundi vit sous des gouvernements qui se disent démocratiques. Néanmoins, cette démocratie n’est pas définiede la même façon.
Pour les uns, c’est un système de gouvernement dans lequel les citoyens se réunissaient en assemblées ouvertes pour légiférer et décider des politiques clés. Mais pour nous les burundais, elle signifie un système de gouvernement dans lequel le public vote, toutes les quelques années, pour élire des représentants (tels que des présidents, des parlementaires ou des sénateurs) qui décident ensuite des lois, des politiques et des nominations publiques. Or, elle ne devrait pas se limite sur le point politique seulement.
A titre d’exemple….
D’après une étude, la démocratie est un facteur fondamental pour le développement économique durable. Pour preuve, la croissance économique des pays qui adoptent un gouvernement démocratique est 20% plus grande que celle des pays non-démocratique. Selon un rapport, les libertés civiles semblent être en cause.
Elle exige donc que les grandes libertés soient reconnues. Malheureusement, au pays du tambour sacré, la situation en est autre. La liberté du marché est réduit au silence, le droit foncier est limité pour les femmes, interdiction d’export, imposition de l’assiette fiscale du jour au lendemain, etc. Cela montre alors combien cette démocratie qui est souvent utilisée au Burundi pour décrire des systèmes dans lesquels certaines de ces caractéristiques sont loin d’être idéales ou même absentes. Et là, une question pertinente reste donc posée. La démocratie est-elle nécessaire au développement économique de notre pays ?
Les faits sont têtus.
L’insuffisance de la démocratie dans notre pays nous conduit à l’entrave de la liberté et de certains droits fondamentaux. Or, cela a des conséquences économiques graves pour le Burundi dont la pauvreté, l’inflation et un recours à la dette intérieure. Rappelons que selon les statistiques, la courbe de la dette publique et l’inflation au Burundi ne cesse d’aller crescendo et par ricochet, la pauvreté s’accentue davantage. D’après le dernier classement du FMI, le Burundi est parmi les pays les plus pauvres au monde. Une tragédie absolue.
Or, on remarque, en observant les différents pays du monde que lorsqu’il y a un déséquilibre entre la liberté économique et la liberté politique il y a toujours un impact négatif. Pourtant, ce sont bien plus les réformes en faveur de la prospérité économique fondée sur l’Etat de droit, sur la liberté économique, sur le respect des droits fondamentaux et sur l’ouverture et l’échange qui peuvent améliorer le sort des pauvres dans notre pays. Malheureusement, un score relativement élevé de liberté économique ne peut pas être obtenu sans grande liberté politique dans notre pays.
Véritable démocratie, l’urgence absolue
C’est une évidence, la démocratisation au Burundi a été piétinée par les enjeux politiques et institutionnels. Et les conséquences sont légion du point de vue économique. Pour rectifier alors le tir et parler d’une véritable démocratie au Burundi, il faut nécessairement une coopération des acteurs institutionnels et ceux de la société civile, et surtout intérioriser les règles de fonctionnement de la démocratie dans toutes ses dimensions.
Aussi, la participation des citoyens est extrêmement importante pour la vie démocratique. Une culture de débat politique est nécessaire pour répondre aux enjeux politiques et économiques. Je suis sûre et certains qu’en faisant cela, la population burundaise gardera un bon souvenir de ce geste, car aussi longtemps que le gouvernement ne tiendra pas compte de la démocratie dans tous les aspects, le développement sur le point de vue économique et la croissance prévu en 2027 dans le Plan National de Développement 2018-2027 restera une illusion au Burundi.