Au Burundi, le secteur informel concentre la majeure partie des emplois (93,5%). Les femmes prédominent à 56,3%. Ce taux élevé des femmes dans le secteur informel fait perdre à l’économie une somme assez conséquente. L’une des raisons qui maintiennent les femmes dans l’informel est le manque du droit à l’héritage car l’héritage revient par tradition, aux garçons. Le point avec notre collègue Janvier Cishahayo.
Aujourd’hui encore, la loi ne dit rien sur le régime de succession au Burundi où la référence reste la coutume. La femme n’hérite pas des terres de son père et exploite celles de son conjoint. Or, le droit à l’héritage permettrait aux femmes d’accéder à une propriété foncière et par ricochet assoir leur capacité d’auto-développement à l’instar de leurs frères.
D’ailleurs les dernières données de l’enquête nationale sur l’inclusion financière, montrent à suffisance que les femmes sont exclues du système financier nationale. 7,9% de femmes seulement possèdent un compte bancaire contre 17.6% pour les hommes. Cette disparité a été constatée dans les demandes de crédits avec 1.8% pour les femmes contre 4.2% pour les hommes. Les femmes ne constitueraient que 28.3% de la clientèle des IMF (Institution de Micro Finance), bien qu’il y ait des institutions de micro finance qui ciblent spécifiquement les femmes. Et 50% des femmes au Burundi avouent ne connaître aucune institution bancaire et 21% aucune IMF.
L’enquête souligne aussi que la cause de ces chiffres discriminatoires vis-à-vis des femmes dans le système financier proviennent du manque de garantie financière et de connaissances sur le fonctionnement des banques et des IMF.
Faire le rapport entre l’accès à propriété foncière et la solvabilité auprès d’une institution financière ne serait en aucun cas une utopie car le système financier accorde des crédits à des clients solvables. Étant donné que les femmes n’ont pas le droit à l’héritage (manque de propriété foncière) comme leurs frères, elles sont contraintes de se tourner à de petites activités informelles moins onéreuses. L’on estime que 70 % du commerce informel transfrontalier en Afrique subsaharienne est effectué par des femmes et des jeunes.
A la frontalière du Burundi et de la République Démocratique du Congo, le petit commerce alimentaire est pratiqué à 80% par les femmes. Ce qui prouve encore une fois que le commerce transfrontalier n’est rien de plus qu’un mode de survie pour ces femmes dépourvue de tout droit à l’héritage foncier.
La protection sociale des femmes, un autre défi
En Afrique, le constat sur la condition de la femme dans la protection sociale est amer. 74% des femmes qui évoluent dans le secteur informel en Afrique Sub-Saharienne ne sont pas socialement couvertes.
En somme, le secteur formel concentre beaucoup plus les femmes car elles y trouvent un issu pour survivre et faire vivre leur progéniture. Envisagé l’instauration du droit à l’héritage qui tablerait sur un quelconque héritage surtout foncier permettrait de rendre solvable nos sœurs et ainsi leur sortir de la précarité.
A mon humble avis, le droit à l’héritage devrait être instituer pour donner les chances équitables aux femmes qu’aux hommes car la précarité des femmes coince le pays dans le sous-développement.