Le gouvernement du Burundi vient de fixer de façon étatique, les prix d’achat de certains produits vivriers. Si l’intention semble louable en apparence pour les cultivateurs, un avertissement s’impose selon notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira, qui démontre que les contrôles des prix entraînent systématiquement des conséquences inattendues, bien pires que les problèmes qu’ils sont censés résoudre au départ.

L’ordonnance ministérielle fixant ces prix d’achat, vient de sortir du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de l’environnement ce 30 juin 2021. Selon cette ordonnance, le prix par kilogramme des pommes de terre vient d’être fixé étatiquement à 700 Fbu, le riz pady iron de courte brin à 830 Fbu et celle à long brin à 860 Fbu, le riz pady blanc à courte brin à 950 Fbu et celle à long brin à 1000 Fbu. Les haricots jaunes seront achetés à 1100 Fbu/kg, les haricots simples à 950 Fbu/kg, les haricots connus sous le sobriquet de « kirundo » à 900 Fbu/kg. Quant’ aux oignons blanc, le prix par kilogramme a été fixé à 750 Fbu et les oignons rouges à 1200 Fbu. Le grain de maïs dont le prix avait été fixé à 680 Fbu/kg, n’a pas changé.

Et pour faire respecter ces prix, le Ministre en charge de l’agriculture, a interpellé les administratifs et les services de la sécurité publique de prêter mains fortes pour la mise en œuvre de cette mesure. Alors que les objectifs visés par le gouvernement sont d’éviter la spéculation des commerçants et assurer un revenu maximum aux producteurs, l’économiste Henry Hazlitt nous rappelle que l’art de l’économie consiste à regarder non seulement dans l’immédiat, mais des longs effets de n’importe quel acte ou politique.

Henry Hazlitt a raison

Par contrôle des prix, comprenez les restrictions gouvernementales imposées sur les prix des denrées et services d’un marché. Et cela n’est pas sans conséquences comme l’a écrit Henry Hazlitt. Selon Matthieu Habonimana de la zone Rwisabi dans la commune Mutaho, ces prix fixés étatiquement vont encourager une concurrence déloyale entre les grandes coopératives et les petits cultivateurs. « Ce sont les coopératives qui cultivent de grandes étendues et qui ont reçu des subventions gouvernementales qui vont y trouver un grand bénéfice, contrairement à nous qui cultive de petits étendues avec nos propres moyens financiers, où nous allons vendre nos récoltes sans tenir compte que nous pouvons perdre vu que nous n’avons pas utilisés les même efforts financiers ».

Et pour Désiré Ndabaniwe, un commerçant de Mutaho, il voit que cette fixation du prix va fausser le marché, entravant le libre-marché qui ne va plus respecter la loi de l’offre et de la demande.

Un marché faussé

Pour rappel, un prix est non seulement un outil pour mesurer la valeur d’un produit, mais également un signal dans le fonctionnement de toute économie à l’échelle de la demande. Lorsqu’un produit recherché affiche un prix bas, c’est un signal qui indique aux consommateurs qu’il existe une offre importante et donc qu’ils peuvent l’acheter en grande quantité. Quand le prix augmente, les consommateurs reçoivent un signal de rareté. En effet, via le libre-marché, les ressources relativement rares sont plus chères pour décourager la demande excessive, et les ressources relativement abondantes deviennent moins chères pour décourager l’offre excédentaire. En citant alors l’économiste Ludwig von Mises, le contrôle des prix empêchent le mécanisme du marché via la loi de l’offre et de la demande, de bien fonctionner.

Quelques-unes de ces conséquences deviennent, chacune en son temps, sensibles aux dirigistes, et pour les écarter, ils font appel à d’autres modalités de contrôle, parmi lesquelles le rationnement, le contrôle des prix de revient, la taxe à la production, les indemnités et allocations ou la tarification générale des prix. La conclusion de tout ceci est que l’économie se pétrifie et devient totalitaire, chaque cultivateur est à la merci du gouvernement, et toutes les libertés traditionnelles que nous avons connues s’évanouissent.