Les investissements internationaux sont généralement attirés par les caractéristiques économiques fondamentales des pays d’accueil comme l’existence et la taille du marché, la stabilité politique et économique, la libéralisation des politiques commerciales, l’état des infrastructures et des institutions, etc. Dans cette stabilité économique figure la stabilité de la valeur de la monnaie. Quid sur la relation de causalité entre investissements étrangers  et monnaie au Burundi. Analyse de l’économiste Kelvin Ndihokubwayo

Les investissements directs internationaux (IDI)  également appelés les investissements directs étrangers (IDE) sont des mouvements internationaux de capitaux réalisés en vue de créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger et/ou d’exercer le contrôle (ou une influence significative) sur la gestion d’une entreprise étrangère. Or, toute entreprise a comme objectif la maximisation du profit tout en minimisant les couts de productions. 

Ces IDEs offrent de nombreux avantages au pays hôte. Les actifs productifs incorporés dans les IDE procurent des retombées immédiates à l’économie locale via la promotion des exportations, la création de l’emploi et les transferts de technologies et d’idées nouvelles. Néanmoins, pour attirer ces capitaux, il y a tout un arsenal de condition qui doit être remplie. 

Au Burundi, selon le rapport sur l’investissement dans le monde 2020 de la CNUCED, les entrées d’IDE sont assez limitées, s’établissant à un montant de 1 million en 2018 et 2019. Le stock total d’IDE s’élevait à 228 millions d’USD en 2018. Les secteurs minier et agricole captent l’essentiel des investissements, tandis que la France et le Japon sont les principaux investisseurs du pays. La construction de barrages hydroélectriques est prévue, notamment avec l’aide de la Banque mondiale et des Pays-Bas. Cela devrait attirer les investissements étrangers, rendant le pays plus attractif en termes d’infrastructures. En attraction des investissements, le Burundi était classé 166e sur 190 économies dans le rapport de Doing Business 2020. Nonobstant, ce n’est que les infrastructures qui attirent ces investissements étrangers. Il sied aussi de s’intéresser sur la politique monétaire burundaise en analysant la stabilité de la monnaie burundaise. 

La monnaie fragile réduit les investissements internationaux

Dès que les communautés humaines ont compris que l’échange était indispensable au développement, elles ont inventé la monnaie. Cette dernière assure trois fonctions essentielles. Celle d’unité de compte, d’étalon de référence pour fixer des prix ; celle de moyen de règlement, pour dépasser le stade du troc dans les échanges et celle enfin d’instrument de réserve de valeur, pour établir un pont entre le passé et l’avenir.

La maximisation des profits étant le but ultime des investisseurs, la dernière fonction nous intéresse. Comment alors une monnaie fragile qui est en perpétuelle variation peut réserver la valeur des bénéfices et des investissements ? En 2015, un dollar s’achetait à 1700 Fbu contre 2720 Fbu en septembre 2017, soit une dépréciation par rapport au dollar américain à hauteur de 60℅ en l’espace de près de deux ans. Imaginons lors du rapatriement des bénéfices des étrangers vers leur pays comment ils leur en font trop de monnaie burundaise lors de la conversion en dollars, ce qui les décourage car ça diminue leur avoir. D’où cette incertitude de la monnaie burundaise réduit l’attraction d’investir au pays.

Monnaie, une affaire de confiance

Une des premières qualités de la monnaie est la confiance qu’ont ses utilisateurs de sa valeur dans la durée et de sa capacité à servir d’instrument d’échange et de réserve de valeur. Le message selon lequel une monnaie saine a un impact considérable sur la santé de l’économie est généralement admis. On peut qualifier qu’une monnaie est saine lorsque sa valeur reste stable. De cela découle l’affirmation qu’une monnaie fragile est une monnaie instable.

L’émission de monnaie est attribuée à la souveraineté. Un droit dont les souverains ont pu abuser dans les pays en développement dont le Burundi. D’où, pour une meilleure attraction des IDE, il faut que les pouvoirs publics n’émettent plus de la monnaie pour financer des déficits budgétaires et par ricochet hausse l’inflation. 

Il est tout de même important de noter que les déterminants des flux d’investissements internationaux ne sont pas qu’économiques, il s’agit aussi des facteurs qui relèvent de la gouvernance au Burundi à savoir l’amélioration des cadres politiques et règlementaires.

Vous saurez que selon le rapport sur la liberté économique 2019 de l’institut Fraser en collaboration avec Atlas Network, le Burundi se classe 95eme sur 162 nations dans l’accès à la monnaie.