La mondialisation devrait engendrer seulement des gains mutuels pour les pays participants. Néanmoins, c’est n’est pas toujours le cas. Des comportements protectionnistes ou opportunistes peuvent aussi se développer. Dans la plupart des pays, ces comportements sont souvent source du sous-développement ; empêchant les pays d’émerger vers une croissance durable en freinant les échanges commerciaux internationaux. Qu’en est-il alors pour le Burundi ? Analyse de Kelvin Ndihokubwayo.
Le protectionnisme est une politique économique interventionniste menée par un Etat ou un groupe d’Etats, consistant à protéger ses producteurs contre la concurrence des producteurs étrangers par des mesures tarifaires comme les droits de douane, ou des mesures non tarifaires comme les quotas, les normes, les subventions à l’exportation, etc.
La manière d’appliquer cette politique n’est autre que la protection de l’économie d’un pays face à la concurrence internationale. Cette soi-disant protection peut être l’instauration de droits de douane, le durcissement des mesures sanitaires et de protection du consommateur, le favoritisme des producteurs domestiques lors des appels d’offres en ne faisant appel qu’à des producteurs locaux ainsi que les subventions pour les producteurs domestiques.
Au Burundi, une telle politique est en place. Les faits le montrent. Pourtant, c’est un obstacle au commerce. Or, ce commerce ainsi que l’expansion des chaînes de valeur mondiales stimulent la croissance grâce à une productivité accrue en améliorant l’allocation des ressources, en facilitant les économies d’échelle et la spécialisation, en encourageant l’innovation et le transfert des connaissances et en favorisant l’expansion des entreprises plus productives et la sortie des entreprises les moins productives. D’où, la pratique le protectionnisme entraine par ricochet un frein au développement.
A titre illustratif pour le Burundi, prenons le cas du ciment. Parmi les rares produits made in Burundi préférés à ceux importés, il y a le ciment dit de BUCECO. Pourtant, ces jours, il se fait de plus en plus rare sur le marché. Et ce n’est pas que le ciment Buceco qui se fait rare. Celui dit Dangote l’est aussi. Rappelons que ce dernier est importé mais avec des quotas et un droit de douane pour protéger BUCECO. Ceci engendre la spéculation, la pénurie, les retards dans les domaines de la construction résultant de ce frein dans les échanges.
Protectionnisme vs Importations et le prix à la consommation
Avec la hausse par exemple des droits de douanes, les tarifs font augmenter les coûts des équipements et des biens intermédiaires pour les importateurs. La hausse des prix des intrants provoque une baisse possible de l’investissement des entreprises ou une diminution des profits des entreprises.
En effet, cette hausse des prix des importations amène à court terme une augmentation des prix à la consommation, soit directement ou indirectement par l’effet sur le coût des intrants. La hausse des prix provoque une diminution du revenu disponible réel des ménages. On peut donc voir une augmentation de tarifs ou une restriction de l’offre de produits importés comme une taxe à la consommation payée par l’ensemble de la population. C’est le cas des droits d’accise et de la taxe sur la valeur ajoutée au Burundi.
Les conséquences du protectionnisme
On ne saurait parler de protectionnisme, sans toucher les barrières non tarifaire principalement les mesures sanitaires. Le Burundi a suspendu temporairement toutes importations de graines/farines de maïs pour une période de 6 mois à partir du 8mars 2021 suite au constant que les maïs contient une teneur élevée demycotoxines connues pour être des produits cancérigènes. La plus part de ces maïs provenaient de l’Ouganda et de la Tanzanie (Intra-EAC).
Soulignons que la production maïsicoles a fortement augmenté au Burundi et que l’Etat a fixé le prix officiel du mais a 680 Fbu. D’où la raison de restreindre les importations s’apparente à une barrière non tarifaire pour protéger la production nationale. Seulement pour un pays majoritairement importateur, imaginons si par réciprocité, les autres pays bloquent les exportations vers le Burundi, alors que nous sommes déficitaires en aliments de base.
Le protectionnisme, s’avère être une épine pour la promotion des échanges internationaux et l’attraction des investissements étrangers. La raison pour laquelle les pays nouvellement industrialisésont convergé vers un chemin de croissance c’est parce que les gouvernements ont obligé les entreprises à exporter et à affronter la concurrence des économies développées. D’où ils se sont débarrassés de cette politique néfaste à long terme.
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