Dans une correspondance qu’il vient de rendre public, le ministre ayant les affaires intérieurs dans ces attributions vient de signer l’interdiction faites aux commerçants Burundais d’exporter l’huile de palme dans les pays frontaliers. Une entorse faite à la libre-circulation des biens, l’une des composantes même du traité de l’EAC. L’analyste avec notre Collègue Aimable Manirakiza

Dans une correspondance adressée aux gouverneurs des provinces et au maire de Bujumbura, le   cabinet du ministère de l’intérieur, de la sécurité publique et du développement communautaire  tente d’expliquer : « ces derniers temps  nous avons remarqué que l’huile de palme et ses produits  connexes  se font de plus en plus rare  sur les marchés locaux suites aux commerçants qui exportent  ces produits  aux profit des pays frontaliers créant ainsi une pénurie au niveau du marché intérieur  au détriment de la majorité de la populations burundaise  qui utilise ce produit dans son alimentation quotidienne ». 

Et de décider : « par la présente, nous avons l’honneur de vous demander  de bien vouloir suspendre  momentanément  l’exportation de ce produit jusqu’à  nouvel ordre ». 

Voila donc, plus question  pour les commerçants Burundais de  faire  les affaires  de  l’huile de palme avec les pays de la région. 

Sans me lancer sur un quelconque abus de pouvoir, le fait est que prise comme ça, la décision n’est d’autre qu’une entrave  à la libre-circulation et ou à la liberté économique. 

L’histoire bis repetita

Cette mesure, elle  n’est pas sans rappeler une autre qui avaient été  au pris de mars, mais dans le sens inverse. A  l’époque,  Gitega avait interdit  l’importation de la farine  à  base de  maïs et des grains de maïs de la Tanzanie sur une période de six mois. Le gouvernement arguait  que « ces produits pourraient avoir des conséquences néfastes sur le plan sanitaire ».  Vrai ou faux ? Va savoir. 

L’on se rappelle aussi qu’au  plus fort de la crise de 2015,  le Burundi avait pris la décision d’interdire la commercialisation  des fruits avec les pays de la région, le Rwanda en l’occurrence. 

Bref,  une politique de protectionnisme. Ceci pour un pays comme le Burundi  qui importe presque tout. La preuve, le   déficit de la balance commerciale  qui persiste en défaveur du Burundi. 

Une politique qui ne paie pas

Le protectionnisme est-il à encourager au moment où le Burundi fait partie du bloc régional de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE)? C’est évident dans le contexte du Burundi. La réponse est non.  Surtout que le Burundi est un marché d’écoulement pour les productions céréalières des pays limitrophes en l’occurrence la Tanzanie. 

Ceci est plus visible pour le Burundi qui est le pays  enclavé  dont le gros des importations et des exportations transitent par le port des pays de la région. S’il advenait que   ces derniers appliquent  le principe de réciprocité, nos collègues du Burundi Eco ont raison de dire que l’onde de choc risquerait de se propager à l’échelle du pays.   Ce qui n’est pas souhaitable pour une communauté  des pays  ayant comme devise « Un peuple, une destinée! ».