Alors que les IDE peuvent booster la croissance économique du Burundi, notre collègue Francis Cubahiro démontre, chiffres à l’appui, qu’il s’observe un désintéressement des investisseurs étrangers pour le Burundi, malgré les réformes entreprises pour améliorer le climat des affaires. Pourquoi ? Que faire ? Coup de projecteur.
Les chiffres sont là. Depuis 2015, les investissements directs étrangers (IDE) tarissent. Ils sont passés de 47 millions USD en 2014 à 7 millions USD en 2015, puis à 100 000 dollars en 2016. Selon le rapport sur l’investissement dans le monde 2020, les entrées d’IDE au Burundi sont assez limitées, s’établissant à un montant de 1 million en 2018 et 2019. Le stock total d’IDE s’élevait à 231 millions en 2017, 226,7 millions en 2018 et 227,7 millions d’USD en 2019.
Avec ces chiffres, le Burundi enregistre le plus faible taux de flux d’investissements directs étrangers par rapport aux autres pays de la sous-région. Selon une étude « Etat des lieux et stratégies de promotion des partenaires public-privé et des IDE au Burundi », réalisée par l’Institut de développement économique du Burundi (IDEC) en avril 2017, le stock total d’IDE au Burundi en 2015 s’élevait à près de 70,21 millions USD, soit 4,4% de son PIB, alors que ce stock total des IDE représentait 6,1% du PIB au Rwanda, 6,6% au Kenya, 25,3% en RDC, 28,8% en Ouganda et 37,2% en Tanzanie.
Pourquoi ce pas en arrière ?
En 2015, alors que le total des IDE a diminué de 42 %, cette baisse s’expliquait en grande partie par le gel des financements extérieurs, un gel qui a entraîné une réduction significative des réserves internationales. Cela a empêché la banque centrale d’intervenir efficacement sur le marché des changes. Une dépréciation du FBU par rapport aux devises, qui a réduit la confiance des investisseurs : « Comment investir dans une monnaie instable ? », demande Rachid, un Indien qui a fermé une pharmacie à Gitega.De surcroît, l’instabilité politique de 2015 a également entraîné un taux de croissance négatif à -3,9%. Cela a découragé les investisseurs qui ont eu peur d’investir dans une économie fragile qui ne résistait pas aux chocs économiques qu’ils soient internes ou externes.
Dans le secteur minier, au moins 10% des actions doivent être détenues par le gouvernement, et les investisseurs étrangers doivent effectuer un investissement initial de 50 000 USD, tandis que les investisseurs locaux ne sont pas soumis à cette règle. L’investissement étranger dans les armes, les munitions et d’autres activités militaires et paramilitaires est soumis à des restrictions. Les politiques commerciales ambiguës, les mauvaises infrastructures, la corruption, la main-d’œuvre peu qualifiée, le programme de privatisation limité, sont autant de facteurs qui limitent l’afflux d’IDE dans le pays.
Que faire ?
Pour une approche stratégique d’attraction des IED, selon le professeur Léonidas Ndayizeye, expert en économie internationale, la meilleure stratégie est d’établir des stratégies ancrée sur la consolidation de la paix, des réformes institutionnelles augmentant l’amélioration du climat des affaires comme la stabilisation macroéconomique et des politiques de change, le projet d’intégration régionale, le développement des infrastructures, du capital humain et de la taille du secteur bancaire et financier, les potentialités sectorielles d’investissement, des mesures d’exonération fiscale ou la mise en place de zones franches, sans oublier des privatisations sanctionnant le désengagement de l’État de certains secteurs d’activité.
Avec ces stratégies, les IDE vont s’accroître et démultiplier l’effet de l’ouverture commerciale sur les flux d’échange, contribuer à la création d’entreprises, augmenter les offres d’emplois mieux rémunérés à la main-d’œuvre locale, et constituer l’un des facteurs de stabilité financière.