Le 1 juin 2021, le Burundi a rouvert sa frontière avec la RDC au poste de Gatumba. Pour notre collègue Lionel Jospin Mugisha, bienqu’il y’a beaucoup qui se réjouissent de cette réouverture,les petits commerçants transfrontaliers eux sont dans le désarroi dû aux frais exorbitants de dépistage du Covid-19 sur la frontière. Témoignage et Analyse.

« 15 mille francs Burundais c’est énorme pour nous. Où allons-nous trouver cet argent à chaque sortie et entrée au Burundi ? », s’interrogent beaucoup de commerçants/es transfrontaliers/es de Gatumba. La majorité d’entre eux disposaient d’un capital variant entre 5 et 50 mille BIF avant la pandémie du Covid-19. Aujourd’hui, ils l’ont consommé. De plus, une partie de ces commerçantes est victime des récentes inondations. Leurs maisons ont été détruites et actuellement, ils vivent dans des tentes près des routes dans une pauvretéextrême. Pour beaucoup d’entre eux, leur capital ne dépasse même pas ce montant exigé pour le test. Une tragédie absolue.

« Quand on a annoncé que la frontière sera de nouveau ouvert lundi, j’ai été très contente, contente de pouvoir faire le métierqui faisait vivre ma famille. Malheureusement, mon bonheur n’a pas durélongtemps. Le cout du test covid-19 m’a brisé le cœur en mille morceaux. Avec mon capital de 30 mille que j’ai, je ne peux pas me hasarde, je suis condamnée à reste dans la misère », raconte une veuve du nom d’Aïcha, visiblement désespère. 

Des cas pas isolés

Au pays de Félix Antoine Tshisekedi c’est le même son de cloche. « 30 dollars, c’est beaucoup. Des commerçants qui n’ont que des capitaux de 50 dollars ne pourront pas bénéficier de cette réouverture », regrette Ndigali, président d’une association de commerçants transfrontaliers congolais qui font la navette Uvira (Sud-Kivu, est de la RDC) -Bujumbura. Il estime que les frais de tests Covid-19 décidés par les autorités burundaises ne sont pas accessibles pour la majorité des utilisateurs du poste frontalier de Gatumba et c’est une réalité cousue de fil blanc. Pour lui, gouvernement burundais devrait fixer au moins les frais à 5 dollars comme c’est le cas à la frontière avec le Rwanda.

Pire encore

Traverser la frontière en utilisant des cartes d’identité pour les natifs de Gatumba (dont beaucoup qui traverse sont despetits commerçants transfrontaliers) comme s’était avant est désormais illégal.Alors qu’avant la fermeture de la frontière, il était facile pour les piétons de s’identifier comme natifs et utilisait alors un “laisser passer individuel” de 3 jours qu’ils achetaient sur place à la frontière à 300 Fbu. Aujourd’hui, ils ne sont pas autorisés à passer. Ils doivent présente leur laisser passer pour le PAFE ou la CPGL.Or, non seulement que ces papiers PAFE sont chers pour cespetits commerçants transfrontaliers, ils prennent beaucoup de temps et de voyage pour les avoir. Ce qui ne fait qu’enfoncer le clou dans la blessure des petits commerçants transfrontaliers.

Que faire dans l’immédiat

Vu la situation, une question reste donc posée. En quoi servira cette réouverture alors que les citoyens que ça soit du côtéde la RDC ou du Burundi ne peuvent pas traverser la frontière facilement? Rappelons que nombreux d’entre eux sont des petits commerçants transfrontaliers. Or, le petit commerce pratiqué par ces commerçants sur cette frontière constitue une source vitale de revenus pour leurs ménages. Pour eux, ce commerce n’est rien de plus qu’un mode de survie. Dès l’aube, ils se mettent en route pour vendre du manioc, des arachides ou des tomates, des fruits de l’autre côté de la frontière espérant en tirer un maigre profit, juste assez pour faire vivre leurs familles.

À mon humble avis, gouvernement burundais devrait diminuer les coûts du test covid-19 au poste-frontière de Gatumba car avec la pandémie, beaucoup de ces petits commerçants on consomme leur capital. Cela sans oublier de laisser à nouveau les natifs utiliser leur carte d’identité pour que leuractivitééconomique puisse continuer. 

Je suis sûre et certains qu’en faisant cela, les petits commerçants transfrontaliers garderont un bon souvenir de ce geste.