Le 17 mars 2021, le projet de loi portant fixation du budget général de l’Etat, 2021-2022 a été adopté. L’objectif est d’atteindre un taux de croissance de 3,6%. Malheureusement, pour notre collègue Lionel-Jospin Mugisha, miser sur une croissance de 3,6% en élargissantl’assiette fiscale dans un environnement économique miné par les effets de la pandémie du Covid-19 n’est pas sans conséquence pour les citoyens burundais. Analyse. 

Partons du début pour commencer. Depuis l’abandon de certains bailleurs, le Burundi compte sur la mobilisation des ressources internes. Environ, 90% du budget de l’État proviennent des ressources internes. Politiquement, c’est la situation idéale pour un gouvernement qui cherche de l’argent.Pour se rendre compte, une petite culbute dans le budgetde l’État 2021-2022 pour y voir clair. Coup de projecteur.

Avec ce budget, les recettes ne couvrent pas les besoins. Selon les prévisions, les dépenses prévues se chiffrent à 1708,4 milliards de BIF soit un accroissement de 8,4%. Néanmoins, pour augmenter ces recettes, le gouvernement compte sur l’élargissement de l’assiette fiscale, de l’évasion fiscale, du recouvrement des arriérés, de la maîtrise des exonérations pour s’assurer que l’objectif fixé (celui d’atteindre un taux de croissance de 3,6%) soitatteint. 

Or, cette option  que le gouvernement a choisie pour générer ces revenus et augmenter les recettes n’est pas sans conséquences pour les citoyens burundais.

Les faits sont là. 

À titre d’exemple, avec ce budget, une taxe sur la téléphonie mobile a été introduite. Un usager de téléphone mobile qui achètera un bouquet internet supérieurà 1GB, se verraitimpose 18% du coût d’achat.Ce n’est pas tout. On peut citer aussi la hausse du prix de la CAM (carte d’assistance médicale) dont le prix est dorénavant fixé à 0 BIF pour les indigents et vulnérables, 25 000 BIF pour les gens à moyen revenu, et 100 000 BIF pour les gens à revenu élevé. Etc. Rappelons que le PIB par habitant du Burundi est l’un des plus faibles.

Or, cela dans un pays le plus pauvre du monde est déraisonnable.Mais pour couronner le tout, un pays touche aussi par la pandémie du Covid-19. Avec cette dernière, les prix ont fortement augmenté, il y a eu un recul des principaux produits d’exportation du Burundi sur les termes de l’échange, un amenuisement des réserves en devises, la dette publique ne cesse d’aller crescendo.Les petits commerçants qui œuvraientdans le commerce transfrontalier ont abandonné un métier qui faisait vivre leur famille. Actuellement, ils leur sont impossiblesd’acquérir leur gagne-pain.Une question reste posée. Toutes ces taxes, sans exception, sont au final des taxes payées par les pauvres.Où vont-ils trouver cet argent dans un environnement économique miné par les effets de la pandémie du Covid-19 ?. Un vrai parcours du combattant. 

Ce sont les pauvres qui au final seront encore plus pauvres

L’évidence est que cette politique coûtera très cher à beaucoup de citoyens burundais.Ce sont les pauvres, qui ont moins de revenus, qui vont souffrir le plus. En tout cas, la manière dont notre gouvernement se comporte pour capter l’argent du contribuable est profondément contraire à l’esprit du Burundi à promouvoir les droits et les libertés individuelles et à respecter l’état de droit.  

À mon avis, le gouvernement devrait encourager un environnement économique stable plutôt que d’essayer d’augmenter les dépenses, les impôts, les taxes et la dette publique, afin de permettre le pays de rattraper son retard en termes de croissance. Il s’avère alors nécessaire de créerun système fiscal simplifié qui soit favorable au progrès de notre société et de notre économie et un bon climat des affaires.

Malgré la ferme volonté de notre gouvernement d’assurer une indépendance financière, il devrait identifier tous les atouts que les Burundais peuvent tirer de la liberté économique, d’un bon climat des affaires et de la coopération avec les partenaires techniques et financiers comme l’Organisation des Nations Unies, la banque mondiale, les organismes non-gouvernementaux que ce soit international et national, sans oublier les bailleurs de fonds.Car aussi longtemps que le pays courra vers l’élargissement de l’assiette fiscale, la croissance du Burundi restera une utopie et lespauvres s’appauvriront davantage.