Depuis le 7 avril, le Burundi utilise l’application« Sydonia World »pour le contrôle de l’utilisation des devises et la gestion de la déclaration d’importation. Tout en saluant ce logiciel qui va faciliter, simplifier et réduire le temps nécessaire aux formalités douanières, notre collègue Painette Niyongere déplore l’accentuation de cette forte réglementation de l’utilisation des devises au Burundi.

Lancé le 7 avril, « Sydonia world » est une procédure informatisée de contrôle de l’utilisation des devises et de dédouanement des marchandises importées. Une bonne application qui, via le dédouanement en ligne, va faciliter le commerce et optimiser la collecte des recettes avec plus de transparence, de rapidité et d’efficacité.

Mais, tout n’est pas rose. Selon le gouverneur de la banque centrale,ce système permettra aussi de palier àl’inexistence d’un système informatisé pour le suivi en temps réel de l’utilisation des devises dès leur allocation par la BRB jusqu’à la mise en consommation des marchandises pour lesquelles les devises ont été sollicitées, et les difficultés de s’assurer si les devises allouées aux opérateurs économiques ont été utilisées suivant l’objectif pour lequel elles ont été sollicitées.

Là où le bât blesse

Et c’est cela l’anguille sous roche. Désormais,l’utilisation et la circulation des devises deviennent de plus en plus contrôlées par la Banque de la République du Burundi (BRB), l’Office Burundais des Recettes (OBR) et les banques commerciales. Avant cette application, un importateur X se présentait à une banque commerciale pour y déposer une demande d’importation pour un montant de devises Y, et il pouvait utiliser ses devises comme il l’entend sans s’expliquer comment il a utilisé ses devises au moment de la mise en consommation.

Mais, selon le directeur de l’OBR, avec le logiciel Sydonia World, chaque devise émise sera collée un numéro pour une traçabilité digitale où la BRB pourra visualiser comment les devises allouées sont en train d’être utilisées par un mécanisme de rapportage convenu, et une demande d’explication s’en suivra pour quiconque aura utilisé ses devises pour d’autres fins. Par-là, les importateurs n’ont plus le droit d’user, de jouir et de disposer des devises de manière propre, exclusive et absolue pour l’utiliser comme ils l’entendent. Une entrave tant à la liberté d’utilisation des devises, qu’au niveau de la propriété privée. « C’est comme si cette somme d’argent ne t’appartenait pas, mais appartient à l’Etat à qui on doit toujours rendre des comptes », explique Albert, un commerçant qui fait souvent des voyages d’affaires.

Pourquoi tant de contraintes?

La restriction n’est pas la première dans ce domaine. Elle vient s’ajouter aux contraintes de la nouvelle réglementation des changes de la BRB, où l’enveloppe destinée à l’importation a été réduite, passant de 40 à 5 mille dollars américains par semaine,et où le change sans pièce justificative est revu à la baisse revenant de 3.000 USD à 500 USD par jour et par opération sans dépasser 3.000 USD par mois. Là, c’est sans oublier la suspension des activités des bureaux de changes, handicapant l’approvisionnement des devises suffisantes au marché parallèle.

Pour relever le défi, comme l’a écrit un jour un collègue du CDE, l’Etat ne devrait pas s’ingérer au marché de devises et devrait laisser le marché se réguler lui-même.