Avec une montée culminant à environ 776,46 m, le lac Tanganyika menace aujourd’hui les infrastructures stratégiques dans le commerce transfrontalier comme le port de Bujumbura et l’aéroport Melchior Ndandaye, ce qui met à l’épreuve le principal cordon reliant le Burundi à l’océan. De quoi s’inquiéter ? S’interroge notre collègue Edgar Mugenzi.
Selon la banque mondiale, le commerce extérieur représente 38% du PIB du Burundi. Avec une capacité d’accueillir 500 miles tonnes par an, Le gros (plus de 90%) du travail de dédouanement des marchandises se passe au niveau du Port et de l’Aéroport de Bujumbura.
Analysant les risques éventuels, Dr Karimumuryango Ménédore, enseignante à l‘Institut de statistique appliquée, indique que cette ascension inquiétante des eaux pourrait entraver le commerce transfrontalier si des mesures de secours ne sont pas entreprises dans les meilleurs délais : « Le port et l’aéroport de Bujumbura sont les principales zones de transit des marchandises transfrontalières. Une fois que l’eau aura envahi cette localité, le commerce transfrontalier s’effondrera et c’est l’économie qui en souffrira le plus. », Indique-t-elle.
Le danger est parmi nous
Les infrastructures stratégiques comme la Brarudi, le port de Bujumbura et l’aéroport Melchior Ndadaye courent un réel danger. Ceci sans oublier les hôtels, les sociétés, les commerces et les industries érigés dans les environs du lac Tanganyika.
Actuellement, le talus de rempart érigé pour la protection du port de Bujumbura subit des assauts des eaux du lac Tanganyika, ce qui met en danger différentes infrastructures. À côté de cela, certains avenus qui desservent le port de Bujumbura commencent à s’effondrer à cause des inondations.
Des pistes.
D’aucuns s’en réjouit. Le projet de rénovation du port de Bujumbura va bon train. Dorénavant qu’on est au courant du danger qui pourrait provenir du lac à tout moment, l’organisation du port de Bujumbura doit instaurer un système d’alerte et de prévention efficace : « la situation est préoccupante. La réhabilitation du talus de rempart et la construction des murs de soutènement pour bloquer les eaux doivent se référer à la gravité de la montée des eaux et mener une étude conjointe avec les autre pays touchant le Tanganyika pour évaluer les mesures de prévention à long terme», explique Gahungu Innocent, économiste.
Ce dernier explique que les décideurs doivent envisager l’extension de l’aéroport Melchior ou penser à l’édification d’une autre aérogare qui pourra desservir le Burundi au cas où le menace venait de perturber les activités de l’aéroport.
Depuis le 19ème siècle, le niveau du lac a connu d’importantes fluctuations avec un niveau maximum du lac de 783,6 m en 1878 et un niveau minimum de 772,5 m en 1902. À mon humble avis, les politiques publiques devraient se pencher dans la prévention que dans la gestion des catastrophes émanant du lac; par exemple en veillant sur le respect des zones tampons, en évacuant les zones à risque et en protégeant les bassins versants dans le lac Tanganyika pour soulager des pertes récidives.