La résilience du système de santé fait référence à la capacité qu’à ce système pour anticiper, absorber et s’adapter lorsqu’elle est exposée à une épidémie. Au Burundi, dans le cadre de la campagne « Kanguka » qui prône une politique de santé à long terme pour faire face aux épidémies, notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira analyse la résilience du système de santé burundais en ces temps de Covid-19.
Avec la Covid-19, le Burundi n’est pas à l’abri des flambées épidémiques. Or, si le système de santé n’est pas suffisamment armé pour faire face à ce type de situations, s’il n’est pas solide et capable de réagir de façon rapide et intégrée, les populations touchées peuvent être extrêmement vulnérables.
Considérant que la santé est un droit légitime inscrit dans la constitutiondu Burundi en ses articles 17 et 55, et que le plan national de développement 2018-2027 place la santé et le bien-être de la population Burundaise au cœur du développement, un système de santé faible ne peut pas être résilient. Sans se voiler la face avec la passagère maîtrise interne du Covid-19 au Burundi, jusqu’à servir d’exemple de riposte aux autres pays d’Afrique, la face visible de la lune est totalement différente de sa face cachée.
Le bémol
Tenez. Alors que la norme africaine est de 10 lits d’hospitalisation/1000 habitants, le Burundi a 0,8 lits d’hôpital/1000 habitants, témoignant une insuffisance de lits dans la prise en charge des patients hospitalisés, et surtout en cas des épidémies. Alors que l’OMS recommande 1 médecin/10000 habitants, le Burundi n’a que 0,6 médecins/10000 habitants, et en plus inégalement réparti sur le territoire national, témoignant une insuffisance en personnel de soins pour une meilleure riposte des épidémies.Quant ’auxdépenses de santé en pourcentage des dépenses publiques du budget national, ils étaient de 13 % en 2019 et 14 % en 2020-2021, alors que la norme recommandée par l’OMS via l’engagement de la déclaration d’Abuja est de 15 %. Et par habitant, les dépenses totale de Santé en 2019 étaient de 40 US$/habitant/an alors que l’OMS recommande 44 US$. Là, c’est sans parler des ruptures de stock récurrentes en médicaments essentielsavec une loi sur la pharmacie,vielle de 40 ans, et qui n’est plus d’actualité face aux réalités du moment.
Pour le Covid-19, cinq provinces sanitaires dont Bubanza, Cankuzo, Bururi, Bujumbura Rural et Rutana sont encore non équipées en « GeneXpert », un équipement primordial dans le dépistage et diagnostic du Covid-19. Avec cette insuffisance, la capacité de dépistage, de traçage et de surveillance était clairement inégale entre les provinces pendant les premières semaines de l’épidémie, mettant à mal la possibilité de rompre les chaînes de transmission et de contenir l’épidémie.
Des réformes sont nécessaires
Si l’actuelle épidémie de Covid-19 n’entraîne pas des réformes du système de santé et des investissements importants et à long terme, les faiblesses préexistantes pourront s’aggraver.Il faudrait alors continuer la décentralisation du dépistage, du diagnostic, et de la prise en charge des épidémies, impliquer le secteur privé pour accroître la réponse du Burundi face aux épidémies, renforcer les capacités maximales du Burundi en Kits de diagnostic, en lits d’hôpital, en personnel de soins, et en infrastructures sanitaires pour atteindre les normes de l’OMS requises.
De plus, la nécessité de la révision du décret régissant l’exercice de la pharmacie ainsi que le rehaussement de financement de la part du secteur de la santé dans le budget national sont plus que primordial, pour augmenter la résilience du système de santé burundais face aux épidémies.