Dans une correspondance référencée D1/121/2020 du février 2020, la BRB a officiellement retiré l’agrément aux bureaux de change opérant sur le territoire burundais. Le commerce transfrontalier en a subit le sort. Jonathan Ndikumana nous décrit la situation au poste-frontière entre le Burundi et la Tanzanie et propose une piste de solution
Les échanges transfrontaliers sont historiques entre le Burundi et la Tanzanie au poste-frontière de Kobero à Muyinga. Créé en 2012, le seul bureau de change qui avait été ouvert au poste frontière de Kobero servait aux principaux centres commerciaux Kobero, Murama, Rugari et Muyinga et facilitait le commerce simplifié entre les deux pays. Avec la fermeture ce bureau par la mesure de la BRB, l’activité de change de la monnaie a basculé sur le marché noir. La mesure n’a pas porté un coup mortel au commerce simplifié de la frontière. Cependant, la difficulté notable au niveau change monétaire constitue un obstacle au libre échange des marchandises. Selon notre source dans une banque commerciale de la localité, les banques commerciales de la place ne disposent pas de devises à offrir aux demandeurs. Ce qui aggrave la situation, c’est que les commerçants qui veulent s’approvisionner du côté de la Tanzanie jouent au cache-cache pour trouver le shilling. Ainsi, la spéculation s’invite au niveau du taux de change.« Même si les Tanzaniens dénigrent le franc burundais, les gens s’arrangent pour trouver le shilling sur le marché noir. Cela, malgré la traque policière», témoigne notre source qui affirme que le change se fait en défaveur du franc burundais sur le marché noir. En effet, ce sont les Burundais qui s’approvisionnent le plus de la Tanzanie.
Si on n’a pas les chances de trouver des devises à la banque, s’y rendre à la recherche de shillings serait un véritable rêve. « Le change contre le shilling n’existe pas à la banque », nous a confié cet employé de banque. Cependant, le change de shillings est aussi prohibé. Les changeurs se font traquer par la police.
Quid du principe de libre-échange et de l’intérêt des consommateurs ?
Malgré des avancées notables au niveau du commerce à grande échelle au poste frontière de Kobero, les difficultés persistent pour le commerce simplifié. En effet, les commerçants qui veulent s’approvisionner en Tanzanie doivent se rabattre sur le marché noir pour trouver le shilling. Là, les commerçants sont obligés de subir un taux de change imposé par le détenteur du shilling. Or, élevé car imposé par les changeurs clandestins, le taux de change doit influer négativement sur les prix. Les consommateurs sont donc contraints d’acheter plus cher.
De plus, certains commerçants deviennent réticents à s’approvisionner pour éviter les ennuis avec la police qui traque constamment les changes non autorisés. Finalement, cette difficulté de change de monnaie se transforme en une vraie barrière non tarifaire. Ce qui est contre le principe de libre-échange prôné par la Communauté de l’Afrique de l’Est.
Une solution s’impose
Pour remédier à ce problème, la Banque Centrale se doit d’intervenir.De grâce, en versant les quantités de la monnaie recherchée au niveau des banques commerciales opérant à cette frontière et en tenant compte des activités commerciales des lieux. Le cas échéant, des bureaux d’échanges devraient admises, au mois au niveau des postes frontières. Cela permettra non seulement de sauver le commerce transfrontalier combien utile pour les populations, mais aussi de lutter contre la spéculation au niveau des changes à un taux défavorable vis-à-vis de la valeur de la monnaie burundaise.