Alors que la pharmacie joue un rôle très important dans la mise en œuvre des politiques de santé à long terme, le leitmotiv de la campagne Kanguka, les nouvelles reformes sur l’exercice de la pharmacie au Burundi sont à saluer, selon notre collègue Lucie Butoyi.
L’évidence est là, la pharmacie représente un point de convergence pour quasiment tous les protagonistes du système de Santé. Selon Noël Niyonzima, pharmacien à Gitega, « au moment où le coronavirus s’est disséminé au Burundi, il n’existait pas encore de traitement ou de vaccin efficace reconnu, et le ministère de la santé a tenté d’utiliser divers médicaments déjà à notre disposition pour traiter l’infection ». Ce témoignage confirme qu’en cas des épidémies, le rôle de la pharmacie est indiscutable, étant donné que la pharmacie est au cœur de la disponibilité, l’usage, l’accessibilité et la gestion des médicaments. C’est pour cela que, selon la campagne Kanguka du Centre for Development and Enterprises Great Lakes, la loi sur l’exercice de la pharmacie devrait être le plus libéral possible, sans entraves dans son fonctionnement habituel pour une politique de santé à long terme enfin de faire face aux épidémies.
Une lueur d’espoir
Le chemin est encore long, mais des signes d’espoir via quelques reformes, sont à saluer. De un, la loi de l’exercice de la pharmacie au Burundi était régie par le décret n°100/150 du 30 septembre 1980. Vielle de 40 ans, elle n’était pas d’actualité pour faire face à la récente Covid-19. Heureusement que trois mois après l’apparition du Covid-19 au Burundi, la loi a été reformé, et est maintenant régi par la loi n°1/11 du 08 mai 2020.
De deux, les entraves dans la multitude des départements et services qui gèrent l’ouverture d’une pharmacie, où la longue procédure bureaucratique dans l’importation et le contrôle qualitatifs des médicaments étaient largement imputables aux blocages administratifs via la longue bureaucratie sanitaire. La nouvelle loi sur l’exercice de la pharmacie en son article 4, vient de simplifier cette bureaucratie, en instituant une agence autonome dénommée « Autorité Burundaise de Régulation des Médicaments à usage humain et des Aliments ‘’ABREMA’’ », dont sa création, organisation et fonctionnement sont régis par le récent décret n°100/039 du 26 février 2021. Tout en souhaitant bon vent à l’ABREMA, mon souhait et qu’elle puisse réduire jusqu’à zéro, toutes les barrières à l’encontre de l’exercice de la pharmacie au Burundi.
Des avancées
De trois, alors qu’il n’était pas autorisé aux pharmacies grossistes de posséder une pharmacie détaillant, mais qu’ils vendaient les médicaments au prix détaillant, ce qui handicapait les pharmacies détaillants puisque ces grossistes alimentaient la spéculation sur le prix des médicaments en approvisionnant leurs propres pharmacies à des prix relativement bas par rapport aux détaillants, la nouvelle loi via les articles 152 et 153, vient d’interdire de façon formelle la vente des médicaments au public et au détail par les pharmacies grossistes répartiteur.
De quatre, alors que chaque officine pharmaceutique devrait avoir un pharmacien sans tenir compte de l’insuffisance des pharmaciens et des facultés pharmaceutique au Burundi, l’article 113 de la nouvelle loi vient d’établir qu’un seul pharmacien peut être titulaire de trois officines pharmaceutiques. Une avancée, en attendant e rehaussement des pharmaciens au Burundi.
La campagne Kanguka a permis au Burundi de se rendre compte du rôle de la pharmacie dans une politique de santé à long terme, et a ouvert une fenêtre d’opportunité pour revoir et reformer les pratiques en pharmacie, tant en matière de réglementations, de logistique et de pratique clinique.