La Communauté Est-africaine (EAC) prévoit dans son traité le marché commun pour supprimer  les barrières tarifaires et non tarifaires sur les frontières des pays membres. Un pari qui est loin d’être gagné car les Etats membres en l’occurrence les deux géants de la région à l’instar de la Tanzanie et du Kenya continuent de se tailler la part du lion dans de différends commerciaux interminables. Explications de notre collègue Janvier Cishahayo.

Les récentes mesures du Kenya et du Burundi de suspendre sur leurs territoires l’importation du maïs en provenance de la Tanzanie et de l’Ouganda semble enliser le problème qui peine à s’essouffler.

Pour le « Kenya Agriculture and Food Authority », les résultats des tests réalisés sur le maïs importé de l’Ouganda et de la Tanzanie ont révélé des niveaux élevés des mycotoxines consistantes au-delà des limites de sécurité. Et de souligner « Nous souhaitons attirer l’attention que nous allons arrêter toute importation de maïs au Kenya avec effet immédiat ».

Le Burundi sur la même cadence a interdit à son tour l’importation de graines et de farine de maïs en provenance de la Tanzanie et de l’Ouganda pendant six mois. On pouvait lire dans un communiquédu Ministère burundais ayant le commerce dans ses attributions: « Compte tenu de la production de cette saison culturale A, le ministère voudrait informer les opérateurs économiques que des mesures de sauvegarde viennent d’être prises en interdisant toute importation de graines et farine de maïs pendant une période de six mois»

En représailles, la « Tanzania Dairy Board » a indiqué qu’elle prévoyait suspendre l’importation depuis le Kenya, du lait en poudre, fortement consommer en Tanzanie, et le remplacer par le lait produit localement.

Ces mesures protectionnistes instaurées par les Etats violent clairement l’accord sur le marché commun qui pourtant, permettait la libre circulation des biens et des personnes dans la région. Cette prise de bec n’illustrerait pas un problème bien plus profond entre les pays ?

Les consommateurs dans le désarroi

Chantal NIBITANGA est mère de deux enfants et vit dans un quartier périphérique de Bujumbura. Elle consomme régulièrement la farine « Wachi » importée de l’Ouganda à 39000 BIF, le sac de 25kg. Elle indique que malgré la cherté de ce produit, elle préfère cette farine car elle est de bonne qualité comparativement aux autres produits qu’on retrouve sur le marché local.

« Avant que nos produits entrent sur le territoire burundais, ils sont contrôlés par le BBN, et cela fait beaucoup d’années que nous importions du maïs sans problème. Nous ne comprenons pas pourquoi, aujourd’hui, on veut nous faire croire que ces produits contiennent des substances cancérigènes », s’étonne un grossiste burundais qui s’approvisionne en Ouganda.

De toute évidence, les pays de l’EAC  devront trouver un compromis pour éliminer les différends commerciaux qui causent un certain nombre de préjudices bloquant la mise en œuvre définitive des protocoles commerciaux de l’EAC.

Pour effectuer des analyses rapides sur les produits provenant d’un pays à l’autre, Il faudrait que des laboratoires phytosanitaires communs soient construits sur les postes frontaliers des pays, pour permettre d’harmoniser les prises de décisions qui peinent à trouver un compromis entre les Etats  dans  cette communauté qui cherche ses marques.