La spéculation sur certains produits comme le sucre, les boissons, la farine, le ciment,…est devenu un véritable cancer du libre-échange sur le marché local où le client n’a pas le droit au choix. Dans cet article, Jonathan Ndikumana montre la vraie origine du problème et propose des solutions
Sans aucun choix sur les prix, le Burundais se rend toujours au marché pour s’approvisionner en ces produits qui lui sont chers. Oui, le sucre, la bière, le pain, le ciment, la bière,… sont des produits irremplaçables dans la plupart des ménages, surtout ceux de la ville. Malgré de multiples mis en garde des autorités qui accusent les opérateurs commerciaux de créer la spéculation, le phénomène persiste. L’instabilité des prix de certains produits est restée indomptable malgré de nombreux avertissements de la part des autorités.
Quelques exemples suffisent pour illustrer la situation. Dans différents quartiers de Bujumbura, à un moment, le prix de la boisson Amstel s’est maintenu entre 2000 et 2 200Fbu dans les buvettes ordinaires alors que son prix officiel est 1800 Fbu. Le marché du ciment Buceco continue à se noircir et se situe entre 24500 et 30 000 Fbu au lieu de 24500 Fbu. Quant au prix du sucre, il reste volatile sur le marché. Le prix est normalement fixé à 2 500 Fbu/kg mais parfois, il a atteint facilement 3000 Fbu/kg.
La grande question est alors : pourquoi la règlementation ne réussi toujours pas et quelle la vraie solution ?
Le monopole et la sous production: les vraies coupables ?
La spéculation n’existerait pas s’il n’y avait pas ce que nous connaissons comme « des prix officiels ». Le monopole de production tenu par certaines usines de production est la vraie origine de ce que l’on appelle communément « spéculation ». En effet, le monopole donne carte blanche à ces gros operateurs économique qui ne connaissent aucune forme de concurrence. Ils peuvent donc toujours contourner la loi et entretenir des opérations pouvant influer sur la hausse des prix. Ceci alors qu’il faut noter que ces derniers expliquent toujours que leur production est stable et qu’ils ne sont pas à l’origine de la volatilité des prix.
Si le problème n’est pas situé au niveau du producteur, il est au niveau la production. La sous production doit engendrer la spéculation sur le marché. Ici, c’est plutôt le principe même de l’activité commerciale : Quand la demande est supérieure à l’offre, les prix ont tendance à s’envoler. Celui qui détient le produit qui connaît la carence en fixe le prix. Le client n’est plus donc dans son droit de choisir son marché. Il n’est plus acteur du marché, il devient une proie pour des vendeurs qui imposent le prix à leur guise. Ce qui est contre le libre-échange.
Que faire pour arrêter ce phénomène ?
Il ne sert à rien de fixer des prix par la loi. Seul le principe de concurrence peut résoudre ce problème que les autorités appellent « spéculation ». Pour réussir le pari, le gouvernement devrait s’activer sur certains volets essentiels à l’essor commercial. Le champ à défricher est encore vaste.
Sur le plan intérieur, il faut revoir les lois, éliminer les obstacles à la création des industries et des entreprises au niveau local, forger une politique de production et de concurrence assez solide sur le marché interne. Pour ouvrir la porte à de nouvelles usines de transformation et industrie, investir énormément dans la production de l’énergie est obligatoire.
Sur le plan extérieur, il faudra une facilité sur les importations. C’est une réponse à court terme pour modérer les prix par le principe de concurrence, mais aussi pour encourager les entreprises locales à revoir leur politique de production. Ainsi, le marché pourra-t-il se stabiliser de lui-meme et dans l’intérêt de tous.