Le 18 décembre 2020, le gouvernement du Burundi a fait passer un test de recrutement de 116 nouveaux médecins, afin de rehausser le nombre de médecins par habitant. Une action à saluer selon notre collègue Francis Cubahiro, et qui donne des ailes à la campagne « KANGUKA » qui vise des réformes de la politique de santé à long terme pour faire face au Covid-19.
Un petit rappel. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande 1 médecin pour 10 000 habitants. Or au Burundi, à la fin 2004, il y avait 200 médecins, faisant un médecin pour 33 334 habitants. Avec ces 200 médecins, la répartition était très inégale. Tous les 20 médecins qui prestaient dans le secteur privé étaient dans les centres-villes. Et sur les 180 médecins du secteur public, 162 médecins (soit 90 %) étaient en poste dans la capitale économique Bujumbura, qui ne regroupe qu’environ 10 % seulement de la population burundaise.
En 2012, le Burundi avait 418 médecins, soit 1 médecin pour 19.231 habitants. En ce moment-là, la majorité des provinces n’avaient aucun médecin spécialiste. 70 % d’entre eux étaient basés en Mairie de Bujumbura, de même que 50,5 % de tous les médecins. En 2013, c’étaient 554 médecins, portant le ratio à 1 médecin pour 16 368 habitants. En 2020, le pays a aujourd’hui 0,6 médecins pour 10 000 habitants, témoignant que le système de santé n’est pas suffisamment armé pour réagir de façon rapide et intégrée face aux épidémies comme la Covid-19.
« Réveillez-vous »
Face à ces chiffres par rapport aux normes de l’OMS, et vu que la Covid-19 et d’autres épidémies imposent du personnels de soins suffisantes en quantité et en qualité, cela a motivé le Centre For Development and Enterprises Great Lakes (CDE Great Lakes) en partenariat avec Atlas Network, pour lancer un plaidoyer au sein d’une campagne dénommée « Kanguka » qui signifie « réveillez-vous ».
Pour sa réussite, la campagne a été lancée par une conférence de haut niveau qui regroupait les cadres du ministère de la Santé et de la fonction publique et différents acteurs clés du secteur privé. C’est à travers cet atelier que le CDE a été amené à identifier les reformes prioritaires pour permettre au Burundi de faire face au Covid-19. Entre autres réformes, il y avait une réforme sur la réglementation sanitaire en augmentant les prestataires de services de santé de 0,6 médecins à 1 médecin pour 10 000 habitants, comme le recommande l’OMS.
La voix fut entendue
L’atelier n’a pas été vain. Les stratégies discutaient ont débouché par le recrutement de 116 nouveaux médecins, qui vont prester dans les hôpitaux communaux, pour accroître le nombre de médecins par habitant, mais aussi pour une répartition équitable des médecins sur leurs disponibilités entre le milieu rural et urbain.
Vu les résultats, le CDE Great Lakes est donc en droit d’affirmer que l’un des objectifs de la campagne Kanguka vient d’être atteint. Un impact qui vient s’ajouter à celle que le gouvernement a commencée pour former ses propres spécialistes afin de rehausser même le nombre de médecins spécialistes. Cet impact positif améliorera la santé de la population, et pour le perpétrer, le Burundi devra former un grand nombre de médecins grâce à l’abolition des restrictions de quotas qui limitent l’accès aux facultés de médecine au Burundi.