Depuis 2018, la machine est en marche, elle ne peut pas s’arrêter. La zone de libre-échange continental africain sera bientôt effective. Pour notre collègue Claver Banyankiye, cette zone sera une opportunité pour certains hommes d’affaires et une menace pour d’autres.

Initialement prévu le 1er juillet 2020, le lancement effectif de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), censée devenir l’espace commercial le plus peuplé du monde, est reporté en janvier 2021. Deux facteurs ont contribué à ce report : la pandémie de coronavirus, mais aussi les négociations qui patinent.

La Zlecaf a été ouverte en grande pompe le 21 mars 2018 lors d’un sommet extraordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union Africaine à Kigali au Rwanda. Lors de ce sommet, quarante-quatre États membres de l’Union Africaine ont signé l’accord historique. Sur le papier, cette zone de libre-échange réunit 54 des 55 pays africains. Il manque l’Erythrée qui n’a pas signé l’accord.

Pour autant, d’après Jean Claude Ndizeye, un homme d’affaires burundais et entrepreneurs, la création de la ZLEC représente une opportunité pour les opérateurs économiques du Burundi. Selon lui, cet espace économique et commercial permettra aux hommes d’affaires d’accéder à moindre coût de transport, à un vaste marché d’écoulement de plus 1,2 milliards de personnes, aux matières premières et autres facteurs de production qui regorgent sur le continent. Au final, les coûts des facteurs de production seront réduits, ce qui permettra par conséquent un accroissement des profits et une baisse des prix pour les consommateurs.

Au revoir les barrières tarifaires

Ce commerçant et entrepreneur indique que les barrières tarifaires et non-tarifaires constituent des obstacles pour acheter et vendre dans les plusieurs pays africains. Les structures tarifaires sont complexes et disparates. Elles prennent des formes multiples, comme la longueur des formalités douanières, la pesanteur des mesures sanitaires et phytosanitaires, les normes appliquées aux produits et les accords de licence. 

Ces facteurs affectent en particulier des produits de l’agriculture, qui doivent observer des normes sanitaires et phytosanitaires rigoureuses. Comme il s’agit souvent de denrées périssables, les retards intervenant dans les exportations et les importations peuvent se révéler plus coûteux. C’est pourquoi l’exportation des produits de ce secteur est en petite quantité.  

Certains commerçants s’inquiètent

Cependant, certains sont pessimistes. « Bientôt, nous serons contraints de fermer les portes. Les petits producteurs agricoles ou industriels seront concurrencés par des produits manufacturés du Nigeria ou de l’Afrique du Sud par exemple », s’inquiète Aimé Nibizi, homme d’affaires œuvrant dans la transformation des produits d’élevage.

Selon cet opérateur économique, le gouvernement doit définir des politiques claires pour promouvoir les secteurs prioritaires, qui seront exposés à la concurrence. Quant ‘à moi, la première politique consiste à faciliter l’environnement des affaires au Burundi, pour que ses producteurs puissent justement devenir compétitifs dans cette concurrence africaine. Sans cela, l’opportunité sera ratée…