Alors que le certificat de test Covid-19 négatif récent est devenu quasi-obligatoire pour le libre-échange et la libre circulation des entrepreneurs et hommes d’affaires, notre collègue Francis Cubahiro trouve que la récente hausse du prix du certificat du test Covid-19 au Burundi ne sera pas sans conséquence pour les entrepreneurs burundais.
La nouvelle a été ordonnancée le 4 février. Le prix du certificat du test Covid-19 est passé de 10 000 Fbu à 60 000 Fbu pour les Burundais qui veulent aller à l’extérieur du pays. Pour les étrangers qui entrent ou qui sortent, le prix est resté de 100 USD. Pour rappel, en octobre 2020, ces frais pour les étrangers désirant entrer dans le pays, y compris les investisseurs, avaient été revus à la hausse, passant de 50 à 100 USD. À ce moment-là, les Burundais payaient l’équivalent de 30 USD en Fbu.
Même si les frontières terrestres et maritimes du Burundi sont fermées, les entrepreneurs et investisseurs Burundais continuent d’investir, importer et exporter via l’aéroport Melchior Ndadaye. Mais, le chemin est parsemé d’embûches par cette nouvelle barrière non-tarifaire qu’est les frais exorbitants applicables au certificat du test Covid-19.
Le chemin de calvaire
De 10 000 Fbu à 60 000 Fbu, l’augmentation est énorme surtout en ces temps de pandémie où les entrepreneurs locaux ont été les premiers à être touché par les nouvelles mesures prises pour endiguer l’épidémie. « Ajouter 60 000 Fbu au ticket d’avion va freiner certains entrepreneurs qui se battent bec et ongles pour faire marcher l’économie nationale en ces temps de pandémie », dira Claude, un entrepreneur qui importe les chaussures et habits de l’Ouganda. Même son de cloche pour Abdulahim, un Arabe qui œuvrent dans la pharmacie au Burundi. « Payer 50 USD pour le certificat, qui s’ajoutent aux frais de la quarantaine qui ne sont pas moindres, va limiter mes mouvements à l’étranger pour importer des médicaments, alors que la disponibilité et l’accessibilité des médicaments est l’un des piliers majeurs dans la gestion des épidémies », confie Abdulahim.
À côté de cette cherté, difficile d’avoir le certificat à temps. Ces entrepreneurs et investisseurs attendent leurs certificats de test Covid-19 sur des lignes interminables à l’INSP. C’est dans les enceintes de ce seul institut étatique où se trouve le service chargé d’octroyer des certificats aux voyageurs. « J’ai raté la semaine passée mon avion à cause de la lenteur de trois jours pour obtenir le certificat. Si on fait des tests et qu’on n’a pas les résultats rapidement, ça n’a pas d’utilité et ça tue les affaires. Pourquoi n’est pas décentraliser ce centre qui octroie ces certificats ? », demande Nicaise Nyenyeri, un homme d’affaire rencontré à l’INSP.
Révisez l’ordonnance SVP
Une politique de santé à long terme devrait protéger l’entrepreneuriat. Le fait d’exiger un somme faramineux pour ce certificat, constitue une barrière non-tarifaire à combattre, sans oublier qu’il ouvre la voie à la corruption, aux documents frauduleux qui peuvent continuer à mettre la vie des citoyens en danger, et par ricochet, à faire descendre aux enfers l’économie nationale. En effet, ces frais sont ajoutés aux prix de vente des marchandises exportés, dans un pays où la pandémie a réduit le pouvoir d’achat de la population.
Et pour réduire ce temps d’attente qui atteint désormais plusieurs jours pour l’obtention du certificat, la décentralisation de l’octroi de ces certificats est une urgence, avec utilisation des dispositifs de dépistage rapide, pour faciliter le libre-échange et la libre circulation des entrepreneurs au Burundi.