Parmi les barrières qui rétrécissent les échanges commerciaux au Burundi, la libre circulation des marchandises et le niveau élevé des droits de douane viennent en première position. Malheureusement, ils pèsent non seulement sur les commerçants, mais aussi sur l’économie du pays. La ZLEC pourrait justement s’offrir comme voie de sortie face à cette situation. Mais comment faire de cette zone une opportunité ? Analyse avec notre collègue Lionel Jospin Mugisha.
C’est une évidence. La prospérité n’est pas possible sans l’ouverture au monde extérieur. Selon une étude, aucun pays n’a réussi à développer son économie en tournant le dos au commerce avec d’autres pays. Tous les pays qui ont atteint une croissance économique y sont parvenus en saisissant les opportunités offertes par la libéralisation des marchés régionaux et internationaux.
Malheureusement, le Burundi est un mauvais élève en matière d’ouverture commerciale. Le pays reste sur son quant-à-soi malgré l’intégration à des communautés économiques. Or, selon Aimable Manirakiza, directeur exécutif du CDE Great Lakes, le Burundi devrait profiter de ces avantages pour développer son économie. « Je rêve du jour où on pourra traverser les frontières, du Kenya au Burundi ou du Tanzanie voire même de la République Démocratique du Congo et acheter des produits sans toutes les tracasseries aux frontières ». Pour lui, la vision libérale stipule que plus on ouvre les frontières, plus le pays prospère. Un modèle que le Burundi devrait suivre.
ZLEC, une occasion à saisir cette fois-ci
Les avantages de l’intégration à la zone du libre-échange continentale africaine seraient considérables pour notre pays. Selon un rapport, la libéralisation des échanges dans la ZLEC diminuera les droits de douane sur les biens échangés entre les États membres. Et c’est d’ailleurs son but principal.
En principe, 90% des marchandises seront exemptées de droits de douane, ce qui devrait stimuler les échanges intracontinentaux, inciter les investissements directs étrangers, et de ce fait, accroître la croissance et réduire la pauvreté au Burundi qui ne cesse d’aller crescendo.
Malheureusement, malgré ces avantages, le Burundi n’a pas encore ratifié cet accord.
Le manque d’industrie, le caillou dans la chaussure
L’enjeu est de taille. Que le Burundi puisse vouloir appartenir à la zone de libre échange est une bonne chose car la libre circulation des biens et services donnera aux opérateurs économiques burundais les possibilités d’exercer sans beaucoup de difficultés car il y’aura suppression de barrières tarifaires et non tarifaires. Mais hélas, l’absence des industries ne facilitera pas la tâche. Selon les experts, ces dernières stimuleraient le commerce extérieur du Burundi et renforceraient la position du Burundi dans le commerce intra-africain et mondial.
Or, malheureusement, dans notre pays, les industries et les autres unités de transformation sont encore embryonnaires. Néanmoins, on ne peut pas nous comparer à celle de certains pays africains ayant une tradition industrielle comme le Nigeria. À partir de là, il y a lieu de se demander si l’entrée du Burundi sur le marché de libre-échange continental africain sera bénéfique vu que l’industrie peine à trouver ses marques.
Piste de solutions
C’est une réalité. La ZLEC est une occasion pour booster grandement notre économie. Mais pour y arriver, le gouvernement devrait songer à multiplier l’infrastructure industrielle. En tout cas, le Burundi doit relever ce défi. Dans cette optique, il devrait développer le secteur industriel. Le meilleur moyen de le faire est de créer un climat qui attire les investissements locaux et étrangers à développer ce secteur. C’est de cette manière que le Burundi pourrait développer sa compétitivité et s’imposer comme un concurrent sérieux afin de profiter des bienfaits de la ZLEC.